Chaque hiver les entraîneurs accueillent dans leurs écuries une nouvelle génération d’athlètes. Débourrés, pré-entraînés, ces chevaux sont prêts à entamer leur carrière sportive pour débuter en course. Cette première période de travail est cruciale pour la carrière du cheval et de nombreuses questions se posent : comment suivre l’évolution de ces deux ans ? Comment augmenter progressivement la charge de travail en dosant entre sur-entraînement et sous-entraînement ? Qui sont les deux ans les plus avancés du lot ? Comment détecter les futurs performeurs ? Sur quelle distance débuter ? Un suivi longitudinal des données d’entraînement des jeunes chevaux permet d’appuyer son ressenti et nourrir ses décisions de chiffres objectifs.
Le suivi longitudinal chez les jeunes chevaux de course
Qu’est-ce qu’un suivi longitudinal ? Dans une optique d’analyse de l’évolution d’un cheval, les data analystes d’Arioneo recommandent le monitoring de tous les entraînements pendant le premier mois du suivi d’un cheval, puis seulement de ses travaux pendant les mois suivants. En effet, pendant le premier mois, les chiffres récoltés serviront de référence pour les mois à venir afin d’analyser les progrès réalisés. Dans les mois suivants, on pourra regarder les données d’entraînement en gardant toujours en tête ceux de ce premier mois.
Selon les méthodes de chaque entraîneur ces données-repères varient, suivant la nature des questionnements (vitesse, fitness, locomotion…).
Exemple de paramètres à inclure dans une table de « données-repères »
- FCmax
- FC au galop de chasse, à l’échauffement
- Meilleurs 600m
- Meilleurs 200m
- Amplitude à 45-50 km/h
- Cadence à 45-50 km/h
Dans les mois suivants, une fois que les données-repères du cheval sont établies, l’analyse des données peut se concentrer seulement sur les plus gros travaux. Après chaque entraînement, l’entraîneur peut commencer par étudier les paramètres clés de l’entraînement en conservant sa table de données-repères à titre de comparaison. Pour obtenir une vision longitudinale des paramètres clés, l’outil comparaison permet de sélectionner tous les derniers entraînements du cheval et ainsi superposer les paramètres afin de les comparer.
Pour aller plus loin dans l’analyse et affiner les paramètres à comparer d’un entraînement à l’autre, les clients Equimetre Pro peuvent exploiter l’outil Analytics qui se présente comme un tableau regroupant ligne par ligne les entraînements liés au compte, et permettant de filtrer par cheval, par date, par type de travail, et classer les entraînements selon un paramètre choisi (date, meilleurs 600m, meilleure amplitude à 45-50 km/h par exemple).
Individualiser l’entraînement des deux ans et surveiller leur santé
Cette méthode de suivi longitudinal est donc un bon moyen d’adapter l’entraînement à chaque cheval, tout en surveillant leur santé.
Chaque jeune cheval supporte l’augmentation de la charge de travail à sa manière et l’idéal est donc une individualisation du planning d’entraînement lorsque cela est possible. Ainsi les risques présentés par le surentraînement et le sous-entraînement peuvent être évités. Comment les données d’Equimetre peuvent-elles aider à doser l’augmentation progressive de la charge de travail ?
C’est l’analyse de la récupération qui peut permettre à l’entraîneur de juger l’assimilation du travail du jour pour adapter la séance suivante. Pour analyser la récupération, 4 zones dans la relecture de l’évolution du rythme cardiaque au cours du travail peuvent s’avérer utiles.
- Fréquence cardiaque (FC) à la sortie du box : cette FC sert de référence pour l’analyse des FC dans la suite de l’effort, c’est la première enregistrée par Equimetre. Celle-ci est propre à chaque cheval et ne donne pas d’indication sur son niveau de forme.
- FC pendant la période d’échauffement : la FC devrait se stabiliser puis descendre légèrement lorsque le cheval est échauffé et prêt à supporter un effort plus conséquent. Si vous constatez des rythmes cardiaques anormalement élevés alors que le cheval paraît calme, cela peut être le signe de douleurs qui se manifestent par une augmentation inexpliquée du rythme cardiaque. Dans ce cas, un avis vétérinaire peut être nécessaire pour lever tout doute et partir sur le travail l’esprit tranquille.
- FC pendant le travail : un cheval en forme présentera une augmentation constante du rythme cardiaque tout au long du travail et chutera immédiatement avec la vitesse. Lorsque l’on constate un plafonnement dans le rythme cardiaque pendant l’effort, c’est le signe que l’effort demandé au cheval est très important et qu’il doit mobiliser le maximum de sa capacité respiratoire. Pendant cette période où la FC plafonne, le cheval emmagasine des dettes d’oxygènes et on observe que la FC persiste à de hauts niveaux même après la diminution de la vitesse, ce afin de compenser le manque d’oxygène causé par l’effort intense.
- Récupération : immédiatement après l’effort la FC vient se stabiliser à un premier niveau, c’est la récupération après l’effort. Dans un deuxième temps, celle-ci diminue encore et à 15 minutes, on peut analyser la récupération après 15 minutes. Plus ces dernières sont basses, meilleure est la récupération, une récupération idéale étant un retour à la FC initiale après 15 minutes. Lorsque le cheval peine à retrouver une FC basse, c’est le signe que le travail a été très intense pour lui et que ce palier n’a pas encore été assimilé parfaitement. Il sera donc intéressant d’accorder une période de récupération (travail léger délié le lendemain, puis journée de repos) puis de répéter l’exercice afin d’améliorer la récupération avant de passer à une charge de travail supérieure.
Analyser les paramètres locomoteurs lors de la décision de la distance pour la première course
Au sujet de la distance sur laquelle débuter un cheval, les données concernant le profil locomoteur du cheval peuvent apporter un soutien objectif lors de la prise de décision.
Chaque cheval possède un couple Cadence / Amplitude unique qui détermine son profil locomoteur. Pour accélérer, certains privilégieront l’augmentation de leur amplitude, d’autres celles de leur cadence. Chaque poulain aura donc une stratégie d’accélération propre : la connaître permet d’appuyer une décision de données objectives et de regarder le choix de la distance sous un nouvel angle. En effet, selon les profils locomoteurs et stratégies d’accélération, certaines caractéristiques sont propres à des profils de sprinter, de miler ou de stayers.
Pour aller plus loin sur ces sujets locomoteurs, vous pouvez accéder à cette ressource qui développe en détails l’analyse du profil locomoteur du cheval de course.
Ainsi le suivi longitudinal des jeunes chevaux dès leur entrée à l’entraînement est un bon moyen d’obtenir des données tangibles sur leurs progrès. Ces données proposent alors un soutien objectif lors de prises de décision et appuient le ressenti de l’entraîneur sur l’état de forme des deux ans. Suivi tout au long de sa carrière, un cheval possèdera un livre de vie de sa carrière, et cet ensemble de données pourra être exploité à nouveau comme référence lors de l’accueil des générations suivantes.
Mots-clés: jeunes chevaux, première course, deux ans, entraînement, monitoring, suivi longitudinal, santé