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Accueil 9 Physiologie 9 La fréquence cardiaque chez le cheval de course

Pourquoi mesurer la fréquence cardiaque chez le cheval de course ?

Mesurer la fréquence cardiaque du cheval de course permet d’obtenir des informations sur son niveau de forme physique et son adaptation à l’entraînement.

Le système cardio-vasculaire est composé du coeur et des vaisseaux sanguins. Il permet une circulation du sang efficace et assure le transport d’un grand volume d’oxygène, en particulier vers les muscles. Le volume de sang que le coeur éjecte à chaque battement lors de la contraction cardiaque (volume d’éjection systolique) est de plus d’un litre chez le cheval de course. Le poids du coeur représente environ 1% de la masse d’un cheval et l’entraînement va avoir tendance à augmenter sa masse cardiaque de l’ordre de +15%. Ceci améliore sa capacité cardiaque et permet au coeur de moins se fatiguer en battant plus lentement pour un travail identique.

Pour alimenter les muscles sollicités par l’exercice, la principale source d’apport en énergie provient d’abord de la dégradation du glucogène, puis des graisses par l’oxygène si la durée de l’effort dépasse plusieurs dizaines de secondes. Le volume d’oxygène consommé par l’organisme (VO2) est donc un des meilleurs indicateurs des capacités athlétiques du cheval et de l’intensité de l’exercice. La fréquence cardiaque étant corrélée à cette VO2, il est important de l’évaluer pendant l’exercice.

La fréquence cardiaque permet de quantifier l’intensité de l’exercice, le niveau de performance, la qualité de la récupération…

La fréquence cardiaque du cheval de course au repos

Au repos la fréquence cardiaque du cheval est très basse, de 25 à 40 battements par minute (BPM). Cependant, elle peut varier jusqu’à plus de 100 BPM sous l’influence d’une excitation (approche de la nourriture), d’une peur, ou encore à l’amorce d’un exercice. La seule présence d’une personne dans le box ou aux alentours peut significativement augmenter la fréquence cardiaque au repos.

Une fréquence cardiaque basse au repos (sans perturbation) serait associée à un bon niveau de forme, alors qu’une valeur élevée peut notamment être associée à une douleur, une maladie ou à de la fatigue liée au surentraînement.

La fréquence cardiaque maximale chez le cheval de course 

La fréquence cardiaque maximale (ou FC Max) correspond au nombre maximal de battements par minute que peut atteindre un cheval durant un effort. Cette fréquence cardiaque maximale est propre à chaque cheval.

Elle diminue légèrement avec l’âge du cheval et est très peu influencée par l’entraînement. Par ailleurs, elle n’est pas corrélée au niveau de performance d’un cheval. Lors d’une même course, il a été montré que la fréquence cardiaque maximale enregistrée des chevaux variait de 204 à 241 BPM (Evans, 2007).

La fréquence cardiaque maximale est propre à chaque cheval.

Afin de mieux appréhender le travail de son cheval et le faire travailler sur des plages de fréquences cardiaques qui lui sont propres, il est nécessaire d’évaluer sa fréquence cardiaque maximale au moins deux fois au cours de la saison.

Comment évaluer la fréquence cardiaque maximale ?

La fréquence cardiaque maximale peut être mesurée pendant un exercice où l’intensité de l’exercice nécessitera un apport d’énergie important. Typiquement, un effort de vitesse maximale de 70% à 80% sur au moins 1600m ou sur une piste avec un gain d’altitude positif, ou une force supérieure à 90% de la vitesse maximale sur 600m.

Cependant, afin d’évaluer la vitesse à laquelle le cheval atteint sa fréquence cardiaque maximale, le test incrémental arrêtera l’effort lorsque la fréquence cardiaque maximale sera atteinte et ne poussera pas le cheval inutilement. Ce test permet également d’évaluer la vitesse à la fréquence cardiaque maximale.

Que se passe-t-il lorsqu’un cheval atteint sa fréquence cardiaque maximale ?

Le volume maximum d’oxygène (VO2 max) qu’un cheval peut utiliser est l’un des meilleurs indicateurs du niveau de performance. De plus, la fréquence cardiaque est fortement corrélée au volume d’oxygène consommé par l’organisme.

Une fois le HR Max atteint, il ne reste plus grand-chose pour que le cheval accélère et atteigne son VO2 max. Cela signifie qu’il doit puiser dans ses autres sources d’énergie pour pouvoir accélérer.

Cependant, comme les autres sources d’énergie sont limitées en quantité lors d’une course, un cheval peut maintenir sa vitesse maximale sur environ 600 à 800 mètres…

On définit généralement les zones d’effort en fonction de la FCmax, comme suit :

  •  Jusqu’à 70% de la FCmax, le corps utilise les graisses comme moyen de production principale. On parle alors d’aérobie.
  • Entre 70 et 80% de la FCmax, les graisses continuent d’être consommée mais la différence est comblée par du glycogène. Le corps est toujours capable de fournir assez d’oxygène pour éliminer d’acide lactique. On parle ici d’anaérobie alactique.
  •  80% à 90% de la FCmax, à partir de ce seuil le corps commence à accumuler de l’acide lactique. Plus il en accumule moins la contraction musculaire est efficace. A ce seuil, on associe une vitesse appelé la VMA (Vitesse Maximale Aérobie) qui est la vitesse maximale qu’il est possible d’atteindre sans produire d’acide lactique. Au-delà de ce seuil, le corps passe en anaérobie lactique.
  • 90% à 100% de la FCmax, le corps accumule énormément d’acide lactique. Cela devient douloureux pour les muscles et le corps de supporter l’exercice.
fréquence cardiaque maximale cheval

Analyse des zones de fréquence cardiaque en fonction de la FCmax sur la plateforme EQUIMETRE

La fréquence cardiaque du cheval de course à l’entraînement

La fréquence cardiaque évolue linéairement avec la vitesse (voir figure ci-dessous). On peut quantifier cette relation par un test standardisé. Le test comprend des paliers réalisés à vitesse incrémentale entre-coupés de périodes de récupération. EQUIMETRE permet une mesure corrélée de la vitesse et de la fréquence cardiaque.

À partir de ce test, nous pouvons construire la courbe d’évolution de la fréquence cardiaque en fonction de la vitesse (Figure 1). Trois valeurs remarquables peuvent être identifiées et seront détaillées par la suite :

Estimation de l’évolution de la fréquence cardiaque en fonction de la vitesse à partir des paliers d’un test standardisé.

Figure 1 : Estimation de l’évolution de la fréquence cardiaque en fonction de la vitesse à partir des paliers d’un test standardisé. 

La fréquence cardiaque du cheval de course lors de la phase de récupération 

La récupération rapide 

À l’arrêt du travail, après une période de maintien de la fréquence cardiaque à un niveau élevé, la fréquence cardiaque décroît de manière très rapide sur quelques dizaines de secondes. Cette zone est caractéristique de la reprise du système nerveux parasympathique, responsable du ralentissement de la fréquence cardiaque, sur le système nerveux sympathique, responsable du contrôle d’un grand nombre d’activités autonomes de l’organisme, et de l’augmentation de la fréquence cardiaque lors du stress ou des sollicitations sportives.

Cette phase, aussi appelée récupération rapide, est un excellent moyen d’évaluer l’intensité de l’effort demandé. 

La récupération lente

Vient ensuite la récupération dite lente, lors des quelques minutes suivant l’effort. Cette zone de récupération caractérise l’état de forme du cheval. 

Plus la récupération est rapide, plus le cheval revient rapidement à sa fréquence cardiaque initiale. Il a été montré que le temps de récupération lente est corrélé avec le niveau de performance du cheval : plus il est faible, meilleur est le cheval. Le type de récupération pratiquée (active ou passive), peut avoir une grande influence sur la fréquence cardiaque au retour au box. Plus elle est proche de la fréquence de base, plus le cheval aura récupéré de la session de travail qu’il aura effectuée. Une augmentation significative du temps de récupération est le témoin d’une difficulté à récupérer. Elle peut trouver son origine dans la fatigue, une pathologie, ou un trouble cardio-pulmonaire.