Chaque hiver, une nouvelle génération de chevaux de course arrive dans les écuries. Débourrés et pré-entraînés, ces jeunes chevaux de deux ans sont prêts à entamer leur entraînement pour débuter en course.
Cette première période de travail est cruciale pour ces jeunes chevaux et de nombreuses questions se posent : comment suivre l’évolution de ces deux ans ? Comment augmenter progressivement leur charge de travail en dosant entre sur-entraînement et sous-entraînement ? Qui sont les deux ans les plus avancés du lot ? Comment détecter les futurs performeurs ? Sur quelle distance débuter ?
Instaurer un suivi longitudinal des données d’entraînement des jeunes chevaux permet d’appuyer son ressenti et de nourrir ses décisions avec des chiffres objectifs.
Au programme de cet article :
Le suivi longitudinal chez les jeunes chevaux de course
Qu’est-ce que le suivi longitudinal ?
Dans l’optique d’analyser l’évolution de vos jeunes chevaux, nous vous conseillons de construire une base de données des différentes phases de l’entraînement, et ce, dès les premiers mois. En effet, cela vous permettra de dégager des références qui serviront tout au long de la carrière du cheval, afin d’analyser notamment les progrès réalisés.
Vous pourrez regarder les données d’entraînement en ayant toujours en tête celles des premiers mois.
Voici ce que nous vous conseillons de faire :
Première phase de collecte – Construction des fondations
Lors de cette phase de travail, il est judicieux de mettre le capteur Equimetre une à deux fois par type d’exercice, après les premières semaines d’entraînement. Il est en effet intéressant de regarder comment le cheval travaille, dans quelles zones de fréquence cardiaque il se situe, afin de s’assurer qu’il s’adapte correctement à son nouvel environnement. Cela permettra d’avoir des valeurs moyennes et de comprendre comment le cheval supporte le travail, de suivre son évolution au fil des mois.
Lors de ces premiers mois d’entraînement, on pourra notamment observer les premières améliorations de son système cardiovasculaire.
On obtient souvent des données surprenantes avec les jeunes chevaux. Il est important de prendre du recul quant à l’analyse de leurs données. En effet, ils évoluent dans des environnements inconnus jusque-là et découvrent de nouvelles choses, les excitant plus facilement. Il est important d’instaurer une routine et de les exposer à différents éléments extérieurs (voitures, bruits, personnes…) avant de tirer des conclusions hâtives. Il faut donc être régulier dans la collecte des données, mais commencer ce travail après qu’ils aient découvert les pistes, pour être plus tranquille et ne pas avoir des données faussées par l’« excitation ».
On ne veut également pas se perdre dans la data, donc suivre simplement 2/3 entraînements à une étape clé de la première phase suffira amplement pour se faire une première idée de l’évolution du cheval.
Deuxième phase de collecte – Suivi de l’augmentation de la charge de travail
Une fois cette première base de données collectée, il est intéressant de suivre les moyens et gros travaux de vos jeunes chevaux.
L’objectif est de monitorer les premiers petits canters, les canters, et surtout les premiers travaux de vitesse. Ces données sont très importantes pour s’assurer que l’augmentation de la charge de travail se fait en adéquation avec la progression du cheval. En effet, les données de récupération témoignent de l’assimilation du travail, et permettent donc d’ajuster les différents exercices selon les besoins de chaque cheval.
On peut également s’assurer que le cheval n’a pas développé de problème sous-jacent à la suite d’un premier travail intense, en comparant les données d’échauffement aux données de références (fréquence cardiaque lors de l’échauffement, symétrie, régularité) établies lors de la première phase d’entraînement.
➡️ Pour en savoir plus sur la récupération des jeunes chevaux de course, nous vous conseillons cet article.
Troisième phase – L’entraînement « photo » d’avant course
Vous pouvez, par exemple, suivre l’entraînement d’un de vos chevaux avant une course. Vous recueillerez des données significatives : sa vitesse maximale et sa capacité à la maintenir, le niveau d’effort fourni, la réaction du cheval à l’effort, ses paramètres de récupération et, enfin, le profil de sa locomotion.
Une fois ces données collectées et la course passée, deux options s’offrent à vous en fonction du résultat :
- Si la course s’est bien déroulée, grâce aux données enregistrées, vous pourrez savoir à 100% si le cheval a retrouvé une bonne condition physique lors de son prochain travail d’avant course pour la prochaine séance.
- Au contraire, si la course ne s’est pas bien passée, si le cheval n’a pas bien terminé, vous aurez des repères à améliorer dans la préparation de la prochaine course, afin d’optimiser les chances de réussite. Par exemple, vous pouvez utiliser les données recueillies sur les foulées pour remettre en cause la décision initiale de faire courir le cheval sur une distance donnée.
Quelles données regarder en priorité et pourquoi ?
La fréquence cardiaque maximale
C’est l’une des données la plus importante, car elle est propre à chaque cheval, et permet d’ensuite analyser la récupération, mais aussi de quantifier l’effort fournit. Quelques entraînements avec une accélération sur 600m permettent de l’obtenir avec Equimetre.
La récupération du cheval
Plus un cheval est fit, meilleure est sa récupération. C’est donc un témoin de performance important. Les chevaux ont d’ailleurs des niveaux de récupération différents, et il est intéressant d’objectiver les capacités de chacun, individuellement. Il est important de garder à l’esprit qu’un jeune cheval n’atteindra que rarement les moyennes habituelles des chevaux plus âgés et plus matures. C’est pourquoi il ne faut pas chercher à comparer leurs données. Il est plus intéressant de comparer les données d’une même génération, ou alors d’un bon cheval lorsqu’il était jeune.
Temps pour redescendre à 120 bpm & 100 bpm
C’est une donnée très pertinente chez les jeunes chevaux, car, comme évoqué précédemment, ces derniers n’atteignent que très rarement les moyennes des chevaux matures. Le temps moyen pour redescendre à 120 BPM se situe entre 60 et 120 secondes. Si c’est haut dessus, cela peut être considéré comme un travail stressant.
Sur l’exemple ci-dessus, Arion II est un cheval ayant une fréquence cardiaque maximale très basse de 210 BPM. Quand on regarde la récupération rapide, on peut voir qu’il n’y a pas énormément de variation. Cependant, quand on s’intéresse au temps pour redescendre à 120 BPM, on peut voir que les données fluctuent beaucoup plus. En effet, il a mis 245 secondes à récupérer pour l’exercice d’intensité élevée du 8 mars, et beaucoup moins de temps pour les travaux suivants.
Ainsi, le temps pour redescendre à 120 BPM est un indicateur plus précis qui reflète l’intensité du travail et le fitness des jeunes chevaux.
Une fois le travail bien avancé, et que le cheval commence à présenter de bonnes aptitudes, nous pouvons commencer à regarder les données de performances : la vitesse, les meilleurs 200m et l’accélération.
L’amplitude et la cadence à 45 km/h pour déterminer le profil locomoteur
Bien que les premiers travaux soient de faible intensité, il est tout à fait possible de se faire une première idée du profil locomoteur d’un jeune cheval à 45 km/h.
Les données vont bien évidemment évoluer au fur et à mesure que le cheval se muscle, mais cela offre de premières perspectives sur la carrière du cheval.