Les courses hippiques ont une longue histoire et une tradition ancrée dans de nombreuses cultures à travers le monde. Cependant, le secteur des courses hippiques se retrouve aujourd’hui confronté à un défi majeur : concilier l’excitation et la passion de la compétition avec le respect et le bien-être équin. Plusieurs initiatives sont mises en place pour promouvoir des pratiques plus responsables, comme des programmes de retraite et de reconversion, ou encore des réglementations plus strictes en matière de dopage.
Mails qu’en est-il réellement dans le monde ? Comment les différents pays agissent en faveur du bien-être équin ?
Les institutions françaises engagées dans le bien-être équin
Le 4 mars 2016, de nombreuses institutions de la filière équine, y compris France Galop, le Groupement Hippique National et le Trot, ont élaboré la Charte pour le Bien-Être Équin ayant les objectifs suivants :
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- Établir une bonne relation homme cheval
- Garantir une alimentation adaptée
- Offrir un lieu de vie adéquat
- Favoriser une activité physique et exploratoire
- Faciliter les contacts sociaux
- Veiller à la bonne santé
- Prévenir la douleur et assurer une fin de vie décente
Les institutions des courses hippiques établissent également un code des courses qui tend à prendre en charge le bien-être des chevaux. Il limite par exemple l’utilisation de la cravache à 5 coups dans les courses de galop (FNCH). En plus d’établir le code des courses, les institutions sont chargées de surveiller les lieux d’entraînements, d’hébergement et l’état sanitaire des chevaux (vaccination obligatoire, Réseau d’ÉpidémioSurveillance des Pathologies Équines qui réalise une surveille constante sur le territoire français et européens afin de mettre en place des mesures sanitaires en cas de risque).
Afin de contrôler la médication en course, de nombreux prélèvements sont effectués à l’entraînement ou à l’élevage : à titre d’exemple, il y a eu 29 576 prélèvements en 2018 (courses, élevage et entraînement) pour 67 cas positifs, soit 0,002%.
En termes de production de chevaux de course, le nombre de saillies est régulé afin d’éviter une quantité excessive de chevaux par rapport au nombre de course. De plus, des mesures sont mises en place, notamment par l’association Au-Delà Des Pistes (ADDP) dans le galop, pour accompagner les chevaux de course dans leur reconversion ou après leur carrière.
Le Royaume-Uni : un investissement dans l’amélioration du bien-être équin
Le Royaume-Uni développe une réelle stratégie du point de vue du bien-être équin, avec la création d’un comité indépendant dédié au sujet (le Horse Welfare Board), l’investissement de 2 millions de livres sterling dans la recherche et l’éducation vétérinaire en 2017 ou avec la signature du National Equine Welfare Protocol par la BHA.
La BHA est chargée de définir et de faire respecter les normes de bien-être auxquelles tous les participants doivent adhérer. Ainsi, le code des courses limite le nombre de coups de cravache à 7 en plat et à 8 à l’obstacle. Cette institution réalise également des contrôles afin de lutter contre la médication en course : 10 027 tests anti-dopage ont été réalisés en 2019 avec 0,17% qui se sont révélés être positifs.
Les courses d’obstacles restent au cœur des préoccupations du public britannique, très à cheval sur les questions de bien-être. Selon Animal Aid, 186 chevaux sont morts en 2019 en conséquence directe des courses en Grande-Bretagne et 145 d’entre eux ont été tués dans des courses d’obstacle.
L’industrie des courses donne 250 000 £ par an à son organisation caritative officielle, qui reconvertit 90 chevaux de course par an pour d’autres activités.
Chaque année, environ 4 000 chevaux sont retirés de l’industrie des courses. L’association Retraining of Racehorses (ROR), association lancée par la BHA dans les années 2000, joue un rôle essentiel dans la reconversion de ces chevaux en menant des actions comme l’organisation d’évènements éducatifs pour les propriétaires, la collecte de fonds ou encore le placement des anciens chevaux de course.
L’Irlande
Le Horse Racing Ireland a publié le document “Promoting Responsible Thoroughbred Ownership” dans le but de conseiller les propriétaires de chevaux de course sur les soins et les options de reconversion/retraite après leurs carrières.
De plus, le laboratoire de recherche indépendant Irish Equine Center veille au bien-être des chevaux en Irlande grâce à son expertise dans le diagnostic, la gestion et la prévention des maladies équines. Ce même laboratoire soutient l’Irish Horse Welfare Trust (IHWT) qui est chargée d’aider et d’accompagner les chevaux de course en reconversion.
En Irlande, le nombre de coups de cravache n’est pas limité numériquement dans le code des courses. Le dopage est contrôlé, avec 4 399 échantillons testés en 2018 dont 13 positifs soit 0,29%.
Les Etats-Unis
Aux Etats-Unis, les régulations de course varient d’un état à l’autre, de même que les sanctions, mais de nombreux États collaborent. Le nombre de coups de cravaches est cependant limité à 3 coups d’affilés (sauf en Californie où il n’y a pas de limitation). En 2018, 258 920 chevaux ont été testés dans le cadre de la lutte contre la médication en course, et il y a eu 1 561 positifs, soit 0,6%.
L’Australie
En Australie, la Melbourne Cup est, chaque année, au cœur de nombreuses polémiques. Elle soulève en effet des questionnements sur le bien-être des chevaux de course. Actuellement le pays limite les coups de cravaches au nombre de cinq avant les 100 derniers mètres tandis que sur la dernière ligne droite, il n’y a plus de restriction. Cependant, le sujet fait de plus en plus débat et la Racing Victoria se penche sur une réforme de la cravache pour baisser son utilisation. Notons d’ailleurs qu’en Australie, la cravache est interdite dans les courses de trot attelés.
Depuis 2014, les propriétaires et entraîneurs sont tenus de prévenir la Racing Australia de la destination d’un cheval de course mis à la retraite et de donner les raisons de cette fin de carrière. Pour accompagner les chevaux qui terminent leurs carrières, il existe des programmes qui visent à les réentraîner ou les reloger. C’est par exemple le cas de la Principal Racing Authority (PRA). Cependant, en 2019, l’industrie hippique australienne est au cœur d’un scandale. En effet, l’Australian Broadcasting Corporation (ABS) dévoile que de nombreux chevaux de course ont été abattus en Australie à la fin de leurs carrières.
Hong-Kong
En 2020, le Hong Kong Jockey Club créé la Hong Kong Jockey Club Equine Welfare Research Foundation grâce à un don de 600 millions de dollars. Cette organisation caritative vise l’amélioration de la qualité de vie des chevaux de course et l’éducation du public sur le bien-être équin
Les Emirats Arabe Unis
Les Émirats Arabe Unis ont vu défiler plusieurs affaires de dopage dans le secteur de l’endurance, au point d’être suspendus par la Fédération Équestre Internationale. Afin de réguler l’industrie, il existe une division vétérinaire de l’Autorité des courses des Émirats qui joue un rôle dans la surveillance des courses, des normes de bien-être et dans la mise en quarantaine des chevaux.
Le Japon
Au Japon, un laboratoire accrédité est chargé de la lutte contre le dopage et la JRA Equine Research Institute est dédiée à la recherche.
Depuis quelques années, le pays fait des efforts dans la reconversion des chevaux de course et dans leur retraite : le programme “parents d’accueil” soutient les vieux chevaux grâce à la collecte de cotisations annuelles, la JRA a rejoint le Forum International pour le suivi des chevaux initié par Godolphin et la JRA a lancé en 2018 un programme pour soutenir la vie les chevaux de course à la retraite.
Conclusion & ouverture
L’Organisation Mondiale de la Santé Animale s’appuie sur cinq libertés :
De manière éthique, il est reconnu que toute personne impliquée dans les courses de chevaux est reconnue responsable d’un point de vue de bien-être équin.
L’industrie des courses est la cible de nombreux reproches quant à la cravache, aux courses de deux ans, aux accidents, aux blessures et à l’abattage de manière mondiale. Cependant, les autorités des courses mondiales ne sont pas capables de s’accorder sur des règles strictes. En effet, si les reproches sont unanimes, les régulations des courses elles, dépendent de chaque pays puisqu’il n’y a pas de règle commune. Cette divergence de régulation ne favorise pas l’image rendue au grand public : il est par exemple difficile de statuer sur l’utilité de la cravache alors même que les autorités des courses mondiales ne sont pas capables de s’accorder sur la meilleure manière de la manipuler.
Il existe tout de même des initiatives régionales comme le programme européen “Welfare Quality” qui promeut les cinq libertés énoncées au-dessus et des initiatives internationales qui visent à promouvoir le bien-être équin. Par exemple, la Fédération Équestre Internationale lance des campagnes d’apprentissage et d’instruction sur la gestion des écuries et des équidés, l’International Society for Equitation Science (ISES) propose également des présentations théoriques et pratiques centrées sur le bien-être équin.
Mots-clés : bien-être équin, BHA, charte, FEI, etc