Le graphique d’évolution de la fréquence cardiaque permet de voir comment le cheval de course a travaillé, d’évaluer l’intensité de l’exercice par rapport à la vitesse de travail et de caractériser le niveau de récupération du cheval de course. Ces paramètres quantifient objectivement le niveau de forme du cheval, sa capacité à tenir un exercice et sa fatigue.
Une connaissance précise de l’évolution de la fréquence cardiaque de votre cheval à l’effort permet d’optimiser sa performance et d’être alerté sur d’éventuelles pathologies subcliniques. Cela permet également d’adapter au mieux les exercices, afin d’améliorer son cardio et sa performance physique.
Quelles données regarder pendant le travail du cheval de course ?
Les deux principaux types de données à analyser lors de la relecture d’un entraînement sont les données cardio et les données de vitesse. Les données de vitesse sont un outil pour évaluer l’intensité de l’effort, surtout lorsqu’on peut les comparer aux données cardio.
Voici les paramètres clés d’un galop lors d’un entraînement à Deauville.
Elles offrent un premier aperçu du travail du cheval.
Ensuite, il faut regarder les courbes de vitesse et de fréquence cardiaque, et elles devraient suivre la même tendance.
On peut délimiter 4 zones de fréquence cardiaque à l’entraînement du cheval de course :
– A. La zone de travail : la vitesse et la fréquence cardiaque sont élevées. Permet de quantifier le palier de FC atteint pendant l’effort
– B. La zone de décélération en fin de travail : la vitesse diminue de manière importante mais la fréquence cardiaque reste élevée. Témoin de l’intensité de l’exercice.
– C. La zone de décroissance rapide de la fréquence cardiaque : la vitesse est considérablement réduite et la fréquence cardiaque diminue grandement. Qualifie la récupération rapide, capacité de récupération immédiatement après l’effort.
– D. La zone de décroissance lente de la fréquence cardiaque : la vitesse est considérablement réduite et la fréquence cardiaque diminue doucement. Qualifie la récupération lente, indication sur la forme physique.
– A. La zone de travail
On peut évaluer la difficulté d’un travail en observant à quel pourcentage de la FC Max le cheval a travaillé et l’évolution fréquence cardiaque. On peut définir 4 zones principales de travail correspondant à des intensités différentes, entraîner un cheval dans une zone particulière va avoir un effet physiologique différent.
Par exemple, si le seuil lactique se trouve environ à 80% de la FC Max, travailler en-dessous de ce seuil permet d’améliorer les capacités aérobiques du cheval et d’optimiser « la tenue » et l’endurance du cheval.
De manière opposée, travailler à plus de 80% sollicite davantage la production de lactates, ce qui accroît la fatigue mais stimule l’adaptation métabolique et la coordination aux exercices de haute intensité : ceci permet d’améliorer le sprint, la puissance et l’accélération.
Arion I
Arion II
Les deux chevaux ont effectué le même exercice. Arion I atteint une fréquence cardiaque en pointe à 212 BPM ce qui correspond à 89% de sa fréquence cardiaque maximale (mesurée à 238 BPM). C’est donc un exercice plutôt intense d’autant plus que l’effort est maintenu pendant 1000 m.
Arion II atteint sa fréquence cardiaque maximale de 233 BPM ce qui correspond à 100% de sa fréquence cardiaque maximale. L’exercice a donc été très intense pour lui. Il ne serait probablement pas capable de maintenir une vitesse de course.
Contrairement à Arion I, Arion II n’est donc pas encore prêt à courir.
– B. La zone de décélération en fin de travail
À la fin de l’exercice, la vitesse diminue de manière importante, la fréquence cardiaque doit suivre cette diminution. Cependant, elle peut rester élevée afin de compenser la dette en oxygène accumulée à l’effort. La durée de cette zone caractérise la dureté de l’exercice relativement à la condition physique du cheval et à sa capacité de récupération.
Plus cette zone est courte, plus le cheval assimile l’exercice.
Arion I
La fréquence cardiaque de Cheval 1 décroît rapidement à la fin de l’exercice, le cheval a bien toléré l’exercice.
Arion II
La fréquence cardiaque de Cheval 2 continue à légèrement augmenter à la fin de l’exercice, ce dernier a donc été plutôt difficile.
– C. La phase de diminution rapide de la fréquence cardiaque : « récupération rapide »
À l’arrêt du travail, après une période de maintien de la fréquence cardiaque (B) à un niveau élevé, la fréquence cardiaque décroît de manière très rapide sur quelques dizaines de secondes (C). Cette zone est caractéristique de la reprise du système nerveux parasympathique, responsable du ralentissement de la fréquence cardiaque, sur le système nerveux sympathique, responsable du contrôle d’un grand nombre d’activités autonomes de l’organisme, et de l’augmentation de la fréquence cardiaque lors du stress ou des sollicitations sportives.
Cette zone de fréquence cardiaque permet d’évaluer l’intensité de l’effort, et l’assimilation de l’exerice par le cheval. Si la fréquence redescend vite, on peut conclure que le cheval a plutôt bien toléré l’effort.
En moyenne, les chevaux se situent entre 55% et 50% de leur FCmax.
Arion I
Malgré une absence de Zone B, la décroissance rapide est plutôt courte (1min 52s) pour redescendre à 93 BPM soit 39% de sa fréquence cardiaque maximale, ce qui montre une bonne récupération rapide.
Arion II
La pente de récupération est assez rapide. Malgré une Zone B relativement importante, la décroissance rapide est plutôt courte (1min 55s) pour redescendre à 131 BPM soit 56% de sa fréquence cardiaque maximale, ce qui reste important. Le cheval a du mal à récupérer de son exercice
– D. La phase de diminution lente de la fréquence cardiaque : « Récupération à 15 minutes »
Plus la récupération rapide, plus le cheval revient rapidement à sa fréquence cardiaque initiale. Il a été montré que le temps de récupération (D) est corrélé avec le niveau de performance du cheval : plus elle est faible, meilleur est le cheval. Le type de récupération pratiquée (active ou passive), peut avoir une grande influence sur la fréquence cardiaque au retour au box. Plus elle est proche de la fréquence de base, plus le cheval aura récupéré de la session de travail qu’il aura effectuée. Une augmentation significative du temps de récupération est le témoin d’une difficulté à récupérer. Elle peut trouver son origine dans la fatigue, une pathologie, ou un trouble cardio-pulmonaire.
Cette zone de fréquence cardiaque permet d’évaluer le niveau de fitness du cheval. Plus le cheval redescend bas, meilleur est son fitness.
En moyenne, les chevaux se situent entre 50% et 45% de leur FCmax pour le paramètre de récupération à 15 minutes.
Arion I
Durant la récupération lente, Cheval 1 descend de 93 BPM pour atteindre 65 BPM au retour au box. Le cheval a très bien récupéré, il est dans de bonnes conditions pour aborder des exercices plus difficiles. On peut noter que l’entraîneur a choisit de pratiquer une récupération active afin de favoriser l’élimination des lactates à la suite d’un entraînement anaérobique.
Arion II
Durant la récupération lente, Cheval 2 descend de 119 BPM pour atteindre 80 BPM au retour au box. On peut voir que la récupération active a eu un effet très positif, le cheval a récupéré à la suite de la récupération lente. Sa fréquence cardiaque au retour au box reste encore élevée, il n’est probablement pas encore prêt à courir. On peut également noter que l’entraîneur a choisi de pratiquer une récupération active afin de favoriser l’élimination des lactates à la suite d’un entraînement anaérobique.