L’accélération du cheval de course est l’un des paramètres permettant d’évaluer les aptitudes d’un cheval.
La foulée du cheval est à l’origine de la vitesse. L’analyse des données locomotrices apporte un éclaircissement quant à la manière dont un cheval atteint une vitesse spécifique. Ainsi, en analysant la cadence (la fréquence de la foulée) et l’amplitude (la longueur de la foulée), il est possible d’identifier les stratégies d’accélération de vos chevaux : accélèrent-ils plutôt grâce à leur cadence ou plutôt grâce à leur amplitude ?
Autrement dit, pour gagner leur vitesse maximale, préfèrent-ils d’abord allonger leur foulée, ou la répéter puis l’allonger ?
Stratégie d’accélération du cheval de course – De quoi parle-t-on ?
La stratégie d’accélération caractérise la manière dont un cheval accélère lors d’une course. Du fait des terrains, du train de course ou des choix du jockey, les chevaux de courses sont soumis à de nombreux changements de vitesse. Ils adaptent alors leur locomotion selon leurs préférences et ce qui sera le plus efficace pour leur métabolisme en termes de gestion d’énergie.
L’accélération du cheval de course – Comment la mesure-t-on ?
L’accélération est mesurée en m/s/s ou m/s2. Plus simplement, on cherche à comprendre comment la vitesse évolue : en un temps donné, de combien cette vitesse a-t-elle augmenté ?
Exemple : accélération maximale relevée durant un entraînement de 0,54m/s/s (paramètre disponible dans l’onglet Analytics). En une seconde, le cheval a été capable d’augmenter sa vitesse de 0,54m/s, soit 0,54 x 3,6= 1,944 km/h. Et donc en 10s, le cheval a été capable d’augmenter sa vitesse de 19,44 km/h.
Suivre l’accélération dans le temps permet d’analyser l’évolution de la puissance d’un cheval, cela est encore plus pertinent dans le cadre de la formation de sprinters ou pour les jeunes chevaux préparant les breeze ups.
Courbe de vitesse issue de la plateforme Equimetre
Quel est l’intérêt d’analyser la stratégie d’accélération ?
Les intérêts d’une telle analyse sont multiples, notamment au galop. À cette allure, la respiration du cheval se calque sur le rythme de ses foulées : inspiration lors de la phase de projection, expiration lors de la poussée. Ainsi, maintenir une cadence élevée requiert un système cardio-respiratoire efficace si l’on souhaite éviter un essoufflement prématuré. À l’inverse, l’amplitude sollicite en profondeur les muscles, demande de la puissance, mais propose des temps de projection plus long qui permettent des prises d’air plus longues. Conserver une amplitude élevée peut permettre de garder son souffle mais peut donc conduire à une fatigue musculaire si le cheval n’est pas en condition physique suffisante.
D’un point de vue mécanique, si un cheval préfère augmenter d’abord sa cadence, cela lui permettra d’atteindre une vitesse maximale plus rapidement qu’un cheval qui préfère plutôt dérouler en augmentant d’abord son amplitude.
En connaissant les préférences de vos chevaux, vous pouvez adapter la distance de course et le choix du début de sprint de finish. Par exemple, un cheval accélérant en cadence est théoriquement plus à l’aise sur de courtes distances car l’accélération doit être forte pour atteindre rapidement la vitesse maximale, mais n’a pas besoin d’être tenue longuement.
Deux exemples concrets de stratégie d’accélération
Afin d’analyser la stratégie d’accélération d’un cheval, il est nécessaire de collecter des données lors d’un entraînement où une pointe d’accélération très rapide a été demandée. Plus la vitesse sera élevée, plus les données seront fiables. Nous allons analyser l’exemple de deux chevaux entraînés par le même entraîneur lors d’un exercice similaire.
Accélération en cadence – Accélération rapide et adaptée à de courtes distances
Sur l’enregistrement ci-dessus, le cheval a réalisé un travail d’une durée 1h04, au cours duquel une pointe d’accélération avoisinant les 60km/h (vitesse maximale enregistrée de 59,7 km/h) a été enregistrée. Pour analyser la capacité d’accélération, nous allons nous intéresser au moment de l’entraînement où le cheval a effectué une pointe d’accélération très rapide, lorsqu’il passe de 46,1 km/h à 59,7 km/h (zones mises en avant sur la photo).
Le premier élément remarquable est le pic d’augmentation de la cadence lorsqu’il est demandé au cheval d’accélérer. Tandis que l’amplitude reste stable, le cheval augmente le rythme de ses foulées. Cette donnée passe de 2,18 foulées par seconde à 2,44 foulées par seconde en très peu de temps. Ensuite, seulement après avoir atteint la cadence souhaitée (rappelons que le cheval s’adapte aux changements de vitesse en adoptant le couple cadence/amplitude qu’il préfère), le cheval augmente progressivement et peu significativement son amplitude. Ses foulées augmentent de 0,6m. On peut donc en déduire que ce cheval accélère avec sa cadence.
Qu’est-ce que cela nous apprend ? Son temps d’accélération est bref car il est plus rapide pour un cheval d’augmenter le rythme de ses foulées plutôt que leur taille. Cependant, cette accélération est difficilement soutenable dans le temps puisque le rythme cardiaque se calque sur le rythme des foulées du cheval au galop. Ainsi, afin de préserver ce cheval, le sprint final peut être lancé dans les derniers mètres : le temps d’accélération est bref. Le moment où déclencher le sprint devient alors décisif en termes de stratégie d’accélération et gestion de course.
Accélérer en amplitude – Accélération lente et adaptée à de plus longue distances
Sur l’enregistrement ci-dessus, le cheval a réalisé un travail d’une durée 1h04, au cours duquel une pointe d’accélération avoisinant les 65km/h (vitesse maximale enregistrée de 65,1 km/h) a été enregistrée. Le travail effectué présente une accélération progressive sur 1500m. Pour analyser la capacité d’accélération, nous allons nous intéresser au moment de l’entraînement où le cheval a effectué une pointe d’accélération très rapide, lorsqu’il passe de 53,1 km/h à 65,1 km/h (zones mises en avant sur la photo). Dans un premier temps, on remarque que la cadence ne varie que très peu, elle passe de 2,16 à 2,34 foulées par seconde. En revanche, nous pouvons noter une hausse de l’amplitude très marquée : les foulées augmentent de 1,2m (de 6,8 à 8m). On peut donc en déduire que ce cheval accélère grâce à son amplitude.
Qu’est-ce que cela nous apprend ? Son temps d’accélération est plus long, mais cela lui permet de s’économiser puisque la fréquence cardiaque se calque sur le rythme des foulées du cheval. Il respire alors plus longuement, et inspire un volume d’air plus important. Cependant, contrairement aux chevaux accélérant avec leur cadence, ce cheval devrait être lancé de plus loin lors du sprint final car son accélération peut être longue à se mettre en place.
Conclusion
L’analyse de la stratégie d’accélération des chevaux de courses apporte une meilleure connaissance des spécificités propres à chaque cheval et permet ainsi d’adapter les stratégies de course ainsi que les entraînement afin de développer les forces de chaque cheval.
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