Nous avons eu le privilège d’interviewer Romane Borrione, spécialiste en analyse de performance et de données pour les chevaux de course, basée en Australie. Au cours de cette entrevue, Romane aborde le sujet des tapis de course, en décrivant leur utilisation, leurs avantages et les points importants à considérer.
Pouvez-vous nous présenter brièvement votre profession ?
Je suis Romane, analyste de performance et de données. Mon travail consiste à superviser et analyser les performances des chevaux après chaque séance d’entraînement, et à fournir des rapports détaillés aux entraîneurs. J’offre également des conseils pour optimiser l’approche de l’entraînement et améliorer la condition physique des chevaux.
Pouvez-vous nous parler de votre expérience avec l’entraînement sur tapis de course ?
Le tapis de course est largement utilisé en Australie par les entraîneurs, tant pour la récupération que pour l’entraînement. Ses caractéristiques spécifiques incluent la possibilité de réaliser des exercices standardisés de manière répétitive. Son utilisation simple, sans nécessité de cavalier ni d’équipement supplémentaire pour le cheval, offre une grande liberté de mouvement et une surface constante et uniforme. L’inclinaison permet de cibler différents groupes musculaires par rapport à un exercice sur une piste plate.
Existe-t-il différents types de tapis de course ?
Il y a des tapis sur lesquels galoper n’est pas possible, ainsi que des tapis aquatiques conçus principalement pour la récupération et non pour l’entraînement. Les plus utilisés en Australie sont les tapis à grande vitesse, qui permettent de galoper et d’atteindre des vitesses allant jusqu’à 42 kilomètres par heure.
Quels sont, selon vous, les avantages de l’entraînement sur tapis de course ?
Le tapis de course présente de nombreux avantages, notamment sa surface constante offrant un exercice contrôlé. Savoir précisément ce que fait votre cheval vous permet de personnaliser les entraînements selon vos besoins ou ceux du cheval. L’usage d’un moniteur cardiaque comme l’Equimetre offre un contrôle bien plus précis de l’intensité de l’exercice que sur une piste, notamment en termes de fréquence cardiaque. Il facilite aussi la réalisation d’exercices plus complexes, comme l’entraînement par intervalles, en permettant de passer facilement du pas au galop. Pour les chevaux revenant de blessures, ayant des problèmes de dos, ou de genoux, c’est intéressant d’avoir la possibilité de modifier l’exercice ou simplement pour un cheval doit renforcer certains points faibles.
Cette méthode d’entraînement est-elle spécifique ou peut-elle être intégrée à tout type d’entraînement ?
Le tapis de course est remarquable par sa polyvalence, s’adaptant à une multitude d’activités et de besoins. Il est particulièrement utile pour les chevaux en convalescence, ceux ayant des difficultés sur les pistes ou difficiles à monter. Si les chevaux sont plus à l’aise sur le tapis de course, ils peuvent y galoper au lieu de la piste. Il peut aussi servir d’exercice complémentaire pour améliorer la condition physique ou pour l’entraînement par intervalles. Peu importe le nombre de chevaux géré par l’entraîneur, le tapis de course est un atout précieux.
Y a-t-il des limites ou des risques ?
Rien ne peut entièrement remplacer un galop avec un jockey sur l’herbe, c’est essentiel. Se limiter exclusivement à l’utilisation du tapis de course est je pense difficile. Le risque principal lorsque l’on utilise un tapis roulant de course réside dans la diversité des exercices et des niveaux d’intensité, en particulier avec l’ajustement de l’inclinaison. Il est crucial de surveiller la réaction du cheval pendant l’exercice, d’où l’importance d’utiliser un moniteur cardiaque. La surface mobile impose une vitesse spécifique, mais sans surveillance, il peut être difficile de détecter l’effort réel requis pour le cheval. Il est donc primordial de suivre attentivement et avec précision les paramètres tels que l’intensité, la vitesse et la durée de l’exercice.
Quels exercices jugez-vous essentiels ? Pouvez-vous nous donner un exemple concret ?
Le tapis de course est fréquemment utilisé en Australie pour la récupération, après une course ou un galop. La séance type comprend 5 minutes de trot suivies d’un galop à 24 km/h à faible inclinaison pendant 2 à 5 minutes, selon les besoins du cheval, constituant ainsi une récupération active. La flexibilité du tapis permet diverses activités en fonction des objectifs et de la durée souhaitée de l’entraînement. Il peut aussi servir d’échauffement, surtout dans des conditions de piste non idéales, où lorsque l’on souhaite un échauffement sans cavalier. Pour un entraînement de galop, il est possible de maintenir une vitesse constante pendant deux ou trois minutes ou de réaliser des intervalles, comme trois sessions d’une minute de galop avec récupération entre chaque. La vitesse peut varier de 32 à 36 kilomètres par heure et l’angle de 0 à 6 degrés.
Comment analysez-vous les données avec les paramètres observés ?
Il est crucial d’utiliser constamment l’Equimetre et de surveiller la fréquence cardiaque en temps réel. Pendant l’échauffement, il est important de maintenir une fréquence cardiaque modérée pour éviter de stresser le cheval. Cette approche permet de s’assurer que la fréquence cardiaque correspond au niveau souhaité, une règle qui s’applique à toute la durée de l’exercice. Je prête une attention particulière à la fréquence cardiaque durant le trot, car c’est un indicateur fiable de légères boiteries. Lors de la phase de récupération, l’objectif est que le cheval atteigne une fréquence cardiaque inférieure à 110-120 bpm en moins de 2 minutes. Si le cheval ne récupère pas dans ce délai, cela peut indiquer que l’exercice était trop intense. Si la récupération est rapide, il est possible d’intensifier légèrement l’entraînement lors des prochaines sessions.
Avez-vous des conseils pour un entraîneur souhaitant expérimenter cette méthode de tapis de course ?
Commencez par familiariser le cheval avec le tapis de course, l’utilisant pour les échauffements et les récupérations. Apprenez-lui à monter sur le tapis et à se détendre. Les chevaux ont besoin de temps pour s’habituer, donc plusieurs introductions sont nécessaires pour qu’ils se sentent à l’aise et coopératifs. Passez ensuite à l’utilisation du tapis de course pour les chevaux ayant des difficultés sur la piste, offrant ainsi un environnement plus contrôlé et un rythme plus lent que vous pouvez gérer plus aisément. Je recommande fortement l’utilisation de l’Equimetre pour analyser la fréquence cardiaque et de solliciter l’aide de quelqu’un pour interpréter les données. Cette collaboration aide à déterminer les exercices les plus bénéfiques en fonction de vos méthodes d’entraînement et des besoins individuels de vos chevaux. Il est essentiel de prendre le temps nécessaire pour observer les résultats et déterminer les jours les plus propices pour l’exercice, ainsi que les meilleurs compléments ou substitutions au tapis de course. L’Equimetre doit toujours être activé pour comprendre précisément comment le tapis influence la condition physique de votre cheval.
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Mots-clés : tapis de course, récupération, Equimetre, fréquence cardiaque, analyse, data
Crédit photo : Suzanna Lupa