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Comment améliorer la récupération du cheval athlète ?

Entraînement, Physiologie

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La récupération du cheval est l’un des principaux indicateurs de  son état de forme : meilleure est la récupération, meilleur est son fitness. Analysé en parallèle de l’intensité du travail demandé, la fréquence cardiaque d’un cheval est un bon moyen de confìrmer si un cheval est prêt à courir. Or un état de forme optimal se manifeste par une facilité à récupérer, et donc une excellente récupération lors des gros travaux.

Comment améliorer la récupération du cheval pour atteindre un excellent état de forme et le préparer au mieux à courir ? Cette question très fréquente n’a pas de réponse universelle, chaque cheval possédant sa propre physiologie, mais voici quelques outils issus de l’expérience des données Arioneo et de vétérinaires sportifs équins.

« You can’t improve what you don’t measure »


Impossible d’améliorer ce qu’on ne mesure pas : si cette citation est un incontournable du management en entreprise, celle-ci vaut tout autant dans le management d’une écurie de chevaux de course. Mesurer la récupération de façon objective est indispensable avant de penser à l’améliorer.

Récupération du cheval : les outils

Des outils de mesure du cardio en parallèle de la vitesse et de la locomotion apportent les éléments nécessaires à l’analyse de la récupération. EQUIMETRE d’Arioneo donne par exemple à ses utilisateurs plusieurs éléments :

récupération du cheval de course

D’une séance à l’autre la récupération du cheval s’améliore si, à effort demandé comparable, la FC après l’effort diminue, de même que la FC à 15 minutes. La FC max n’évolue pas, elle varie d’un cheval à l’autre mais n’est en aucun cas un indicateur de forme.

En revanche c’est l’écart entre la FC max et la FC après effort, puis l’écart entre la FC après l’effort et la FC à 15 minutes qui, en se creusant, marque une amélioration de la récupération. Sur la courbe d’évolution de la FC au cours du travail, on observera des courbes de décroissances de la FC plus marquées et de plus en plus corrélées à la courbe de vitesse, signifiant une meilleure efficacité de récupération.

Le nouvel outil Analytics mis à disposition des clients EQUIMETRE Pro, propose une qualification de la récupération – « Très mauvaise», « Mauvaise », « Passable », « Normale », « Bonne », « Excellente ».

Cette qualification prend en compte l’ensemble des travaux monitorés par Equimetre en utilisant une méthode statistique inspirée de la littérature scientifique au sujet de la récupération.

Lorsque la récupération est qualifiée de « Excellente »,  ou « Mauvaise » la récupération est similaire aux récupérations des 10% meilleures et pires récupérations. Lorsque la récupération est qualifiée de « Bonne »,  ou « Passable » elle est similaire aux récupérations des 30% meilleures et pires récupérations. Lorsque la récupération est similaire aux 30% des récupérations moyennes, celle-ci est qualifiée de « Normale ». 

Suivie attentivement et quotidiennement, la récupération est un paramètre de forme capital pour la préparation sportive et le suivi de la santé. Une dégradation de la récupération inexpliquée peut être un symptôme de pathologies cardio-respiratoire, par exemple d’arythmies, qui doivent être investiguées par un vétérinaire. Le vétérinaire peut utiliser les données EQUIMETRE et notamment extraire l’électrocardiogramme (ECG) de l’entraînement pour affiner son diagnostic.

Pour améliorer la récupération, trois voies peuvent être explorées : l’adaptation graduelle de la charge de travail en suivant la progression individuelle des acquis, la récupération active et l’interval training.

Adapter graduellement la charge de travail 

Afin d’améliorer la récupération du cheval, l’une des premières pistes est l’individualisation du travail et l’augmentation progressive de la charge de travail.

Mettre en place une stratégie de travail par palier peut être pertinent, chaque palier marquant une augmentation de la charge de travail. Avant le passage au palier supérieur, la récupération doit se stabiliser à un niveau normal afin que l’exercice soit acquis. Chaque cheval possède un métabolisme propre qui ne lui permettra pas de progresser parmi les paliers au même rythme qu’un autre. Si l’un peut aisément passer les 3 premiers paliers puis passe plus de temps au 4ème, un autre peut avoir du mal à passer les deux premiers mais progresse sur les suivants plus rapidement que le premier cheval.

Lorsqu’un palier présente une vraie difficulté pour un cheval qui ne parvient pas à montrer une bonne récupération sur un exercice pourtant répété plusieurs fois, il peut être judicieux de lui faire faire une petite pause et d’obtenir un avis vétérinaire, avant de reprendre le travail en intensité.

Pratiquer la récupération active

Lors d’un effort intense – dit lactique – les déchets produits par les muscles doivent être éliminés pour favoriser une récupération respectueuse des fibres musculaires et du métabolisme.

Ce que dit la science à ce sujet 

La majorité des études à ce sujet ont été réalisées sur des pur-sangs et des chevaux de CCE. Ces études mettent en avant trois principaux avantages : 

  • Augmentation de la vitesse d’élimination de l’acide lactique sanguin : L’étude de Marlin et al. 1986 effectuée sur des pur-sangs montre qu’un trotting d’intensité modérée, effectué pendant les trente minutes post-effort, augmente la vitesse de disparition de l’acide lactique sanguin chez tous les sujets. Et celle d’Auvinet et al., 1991 démontre les mêmes résultats sur des chevaux de CCE. Ceci est valable lorsque le taux de lactatémie est compris entre 10 et 11 mmol/L.
  • Favorisation de  l’accroissement du pH sanguin : Le pH sanguin permet de mesurer l’acidité du sang, il est compris entre 0 (très acide) et 14 (très basique). Les études de Marlin et al. 1986 et celle de la grenouille Seo, 1984 ont démontré que la perméabilité aux lactates augmentait avec l’accroissement du pH sanguin. Cela signifie que l’acide lactique a moins tendance à se diriger vers le sang, ce qui est bénéfique.
  • Amélioration du rendement cardiaque et de la circulation sanguine musculaire : Enfin, l’étude Hubbell et al., 1997 menée sur des pur-sangs, montre que le rendement cardiaque est amélioré lorsque le cheval récupère en mouvement, plutôt qu’au repos ou immobilisé totalement.

Pour ce faire une récupération active en deux temps est recommandée et son efficacité est prouvée par les études scientifiques (on retrouve ces travaux notamment dans les études menées par Patrick GALLOUX en collaboration avec les docteurs Éric BARREY et Bernard AUVINET).

Qu’est-ce qu’une récupération active en 2 temps ?

  •  Premier temps : Après un effort très intense, le cavalier doit arrêter le cheval et marcher pendant quelques mètres. Cela permettra au rythme cardiaque de baisser de manière significative. Une fois les 2-3 minutes écoulées, le cheval peut trotter rênes longues, au rythme qu’il choisit, dans l’attitude qu’il choisit et à la vitesse qu’il choisit, pendant 5 à 10 minutes selon l’âge et le niveau de préparation. Le trot ne doit pas être trop rapide pour ne pas retomber dans la phase anaérobie. En pratiquant la récupération active (5 à 10 minutes de récupération active au trot) par rapport à la récupération passive (20 minutes au pas), les niveaux de lactate des chevaux seront deux fois moins élevés.
  • Deuxième temps : La restauration complète du muscle s’effectue entre 24 et 48h après l’effort intense selon les chevaux. Il est ainsi très utile d’effectuer un exercice de récupération active le lendemain afin d’achever d’éliminer les déchets accumulés lors d’un travail intense. Ce « décrassage » peut prendre la forme d’un trotting ou petit galop, et est dans l’idéal suivi d’un jour de repos complet.

Tester l’entraînement fractionné

Très pratiqué chez les trotteurs, l’interval training ou l’entraînement fractionné permet de repousser le « seuil » des chevaux. Le seuil est la zone d’effort à partir de laquelle les muscles commencent à produire de l’acide lactique, passant ainsi dans la zone de travail anaérobie.

Difficile à utiliser chez les galopeurs qui n’ont pas l’habitude de travailler par intervalles, ces travaux doivent être menés avec précaution et par une mise en place progressive. En effet il est impératif d’alterner les phases intenses et les phases de récupération avec sérénité, en veillant à ce que les chevaux ne montent pas trop en pression et en nervosité pour prévenir les risques de blessures. Cet exercice n’est pas conseillé chez les jeunes galopeurs chez qui le travail dans le calme et la sérénité est plus compliqué.

Pour habituer les chevaux à travailler occasionnellement en fractionné, une piste relativement courte avec un tournant à la fin peut apporter un soutien : le ralentissement avant le tournant puis l’arrêt de la phase intense à cet endroit sera assimilé et compris comme la fin d’une accélération par les chevaux, le retour au début de la piste pourra être effectué au petit trot de récupération, avant de repartir sur une accélération sur la même portion de piste. Par ailleurs, lors des phases intenses, l’intensité doit être contenue au petit canter et ne doit pas atteindre des vitesses maximales, cela toujours dans le but de préserver la sérénité de ce travail.

Mots clés : récupération du cheval, récupération active, fréquence cardiaque, fitness, suivi de l’entraînement, récupération lente, mauvaise récupération