Qu’est-ce que les kissing spines ?
Les kissing spines (ou conflits des processus épineux) sont une source fréquente des maux de dos chez le cheval.
Chez un cheval sain, les processus épineux sont placés de manière uniforme le long de sa colonne vertébrale, lui permettant ainsi d’étendre et de fléchir son dos normalement. Lorsqu’un cheval souffre de kissing spines, ses processus épineux se retrouvent très proches les uns des autres, et peuvent même aller jusqu’à se toucher. Cela provoque des douleurs dorsales chez le cheval, et réduit la mobilité de son dos.
Les kissing spines se manifestent de manière ponctuelle, lorsque le cheval est dans une certaine position, en contractant son dos par exemple, ou de manière permanente.
Source photo : southmountainequine.com
Le contexte
Arionea est une pouliche de 3 ans. Après son pré-entraînement, elle est envoyée chez un entraîneur à Cologne, pour continuer sa formation. L’entraînement se déroulant très bien, Arionea a donc débuté en course.
Sa première course se passe sur un hippodrome possédant des pistes plates. Arionea semble très à l’aise et performe lors de cette course. Sa deuxième sortie s’est tout aussi bien déroulée. La troisième course a eu lieu sur un hippodrome ayant une piste vallonnée et la pouliche s’est retrouvée en difficulté. Elle a contreperfomé alors que tout présumait le contraire.
Son entraîneur ne comprenant pas ce changement soudain de résultat, alors que son entraînement était encourageant, il décide donc de renvoyer la pouliche chez son pré-entraîneur afin qu’elle se repose.
Arionea a donc graduellement recommencé les exercices qu’elle avait l’habitude de faire chez son pré-entraîneur, mais cette fois-ci sur des pistes ayant un dénivelé positif. Son pré-entraîneur constate dans un premier temps que la pouliche est différente sous la selle, en particulier dans les montées où elle démontre un malaise. Pour confirmer ce ressenti, il décide de l’équiper d’EQUIMETRE afin de collecter des données.
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Comment expliquer la soudaine contre-performance d’Arionea ?
Quels indicateurs analyser ?
Plusieurs paramètres de la plateforme EQUIMETRE ont été utilisés pour l’analyse de ce cas pratique :
- La courbe de vitesse : utilisée en complément de la courbe de fréquence cardiaque, elle permet de visualiser le type d’exercice demandé au cheval (repos, sprint, galop de chasse, etc.).
- La courbe de fréquence cardiaque : elle permet d’avoir une vue d’ensemble de la fréquence cardiaque du cheval durant la durée de l’effort.
- Le tableau d’inclinaison : utilisé comparativement à la fréquence cardiaque, il aide à visualiser la quantité d’effort demandée au cheval en fonction du dénivelé du terrain.
L’analyse
En comparant la courbe de fréquence cardiaque et de vitesse d’Arionea, on constate que la pouliche opère des variations d’allure lors de son exercice, mais que son rythme cardiaque reste toujours élevé. Il devrait pourtant suivre une tendance similaire à celle des variations de la vitesse, ce qui n’est pas le cas.
Graphique de la vitesse (en bleu) et de la fréquence cardiaque (en rouge) d’Arionea
Afin d’affiner l’analyse, le tableau d’inclinaison est très utile dans ce cas de figure.
Dès que l’inclinaison est positive, la fréquence cardiaque moyenne enregistrée pour 200m augmente soudainement. Ce qui est particulièrement intéressant ici, c’est que cette dernière diminue dès que la pouliche galope à nouveau lors d’une descente.
Tableau montrant l’évolution du rythme cardiaque en fonction du dénivelé
Données issues de la plateforme Equimetre
L’interprétation
Le premier point d’interprétation évoqué est la complexité du terrain, qui met en difficulté les chevaux. Le terrain étant en montée, ce malaise pourrait s’étendre à l’ensemble du lot, compte tenu de la jeunesse des chevaux et donc de leurs conditions physiques encore perfectibles. Pour vérifier cette hypothèse, d’autres chevaux, ayant le même âge qu’Arionea, ont été monitorés avec EQUIMETRE, dans les mêmes conditions de terrain et sur des exercices similaires.
Comparatif entre les graphiques d’Arionea (à gauche) et ceux d’un autre cheval du même peloton (à droite)
Il a été démontré, grâce à la courbe de fréquence cardiaque et la courbe de vitesse des autres chevaux monitorés, que le problème était propre à la pouliche. Les autres chevaux plafonnent à un rythme cardiaque corrélé à leur vitesse, qui redescend une fois que l’effort prend fin.
De plus, cette courbe de fréquence cardiaque élevée s’est répétée plusieurs fois pour Arionea, ce qui a confirmé le ressenti du malaise de la pouliche : sa fréquence cardiaque augmente considérablement en montée.
Son pré-entraineur décide alors de faire venir son vétérinaire qui diagnostique des kissing spines chez Arionea. La pouliche témoignait donc d’une douleur durant la montée car c’est surtout lors de ce genre d’exercice que le cheval contracte son dos. Le dénivelé positif lui compressait ses épines dorsales et accentuait les points de pression, d’où le rythme cardiaque plus élevé en réaction à ce malaise.
Arionea ne montrait pas de signes de douleur sur le plat car ce type d’exercice lui permet d’allonger son dos.
La conclusion
Les données ont ici permis de confirmer un ressenti et d’apporter des informations objectives sur la condition physique de la pouliche. En comparant avec d’autres chevaux, avec des caractéristiques similaires, les données ont permis d’identifier que la pouliche souffrait lors des dénivelés positifs. Il est donc intéressant de suivre régulièrement plusieurs chevaux afin d’avoir une base de données comparables dans le temps.
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Mots clés : kissing spines, conflits processus épineux, dos