La VO2Max est l’un des paramètres clés permettant de mesurer l’intensité de l’effort et les aptitudes chez le cheval athlète. Deux autres paramètres complémentaires ont été établis : la fréquence cardiaque et la lactatémie. Véritables indicateurs de quantification de l’intensité d’un entraînement, ces valeurs sont utilisées pour objectiver la réponse de l’organisme à un exercice donné. Le tableau suivant reprend les valeurs clés de ces différents indicateurs.
Source: V. Moucheboeuf, 2018.
Dans cet article, nous nous focalisons sur la VO2 max.
Qu’est-ce que la VO2Max et comment la mesure-t-on ?
La V02Max est le volume maximum d’oxygène qu’un cheval peut utiliser. En somme, c’est la quantité d’oxygène consommée pendant l’effort. Cette valeur s’exprime en ml/min(/kg) et est atteinte lorsqu’un cheval atteint le seuil de sa VMA. Il faut savoir que plus ce chiffre est élevé, et plus un effort physique sera soutenable longtemps. Grâce au pourcentage de la VO2Max (ou de la fréquence cardiaque maximale), il est possible de quantifier l’intensité de l’effort. Cette valeur, comme le montre le graphique suivant, est différente selon les êtres vivants.
La VO2Max moyenne d’un cheval est donc bien supérieure à celle maximale enregistrée chez l’humain. Quantifiant l’oxygénation de l’organisme lors d’un effort, c’est l’un des meilleurs indicateurs du niveau de performance connu à ce jour. De surcroît, la fréquence cardiaque est fortement corrélée au volume d’oxygène consommé par l’organisme. Le seuil aérobie se situe à 60% de la V02Max et celui du seuil anaérobie se situe à environ 85% de la VO2Max. Ainsi, plus un effort est intense, plus la consommation d’oxygène est importante.
Source: V. Moucheboeuf, 2018.
Alors que chez l’humain l’utilisation de la VO2Max s’est démocratisée, elle peine à suivre la même trajectoire dans la filière équine. La raison de cette différence est purement pratique. Il est simple de faire faire un test à l’effort à un homme en respirant à travers un masque pour mesurer le volume d’air utilisé. En revanche, réaliser ce test sur un cheval est bien plus compliqué et coûteux.
Comment estimer la VO2Max d’un cheval ?
Si la mesure traditionnelle de la VO2Max est difficile, de nombreux travaux visent à l’estimer. La V02Max étant un indicateur précieux dans l’entraînement quotidien des athlètes de haut niveaux, il est important d’au minimum pouvoir l’estimer. Le test submaximal peut prédire la VO2Max. Il l’a prédit en analysant les données cardiaques et de lactates dans le sang lors d’un effort. Ces données là sont, grâce à l’électrocardiogramme et un analyseur de lactate, plus facilement récupérables chez les chevaux. De plus, lors d’un tel test, le cheval n’atteint pas réellement sa VO2Max, ne mettant ainsi pas en danger sa santé.
Pourquoi se sert-on de la VO2Max chez le cheval athlète ?
1. L’indicateur le plus fiable pour évaluer les performances
D.Evans et R.Rose (1998) ont prouvé que la VO2Max est l’indicateur de capacité aérobique maximale le plus fiable. En effet, sur une série de plusieurs tests sur le même cheval, la V02Max est l’indicateur qui présentait le meilleur taux de reproductibilité, avec des coefficients de variation entre 1,4 et 9,0%.
En somme, pour évaluer les capacités maximales de performance d’un cheval de course, la V02Max se présente comme l’indicateur par excellence.
2. Un indicateur clé pour la stratégie de course
L’étude de Q.Mercier et A.Aftalion (2020) montre qu’en course, la VO2Max du cheval est atteinte 20 à 30 secondes après le départ, soit beaucoup plus rapidement que chez l’être humain. “La diminution de la VO2 et l’augmentation de la vitesse en fin de course ont lieu simultanément. Plus le cheval peut maintenir sa VO2Max, meilleures seront ses performances. Le lancement du sprint est optimal quand la VO2 commence à diminuer, lors des longues courses notamment.”
La VO2Max est donc un indicateur qui peut aider lors de l’établissement de stratégies de course. Si ce processus est travaillé à l’entraînement, il peut alors s’avérer décisif en course.
3. Un indicateur pour calculer l’intensité d’un d’entraînement
La VO2Max permet de calculer l’intensité d’un effort, grâce à des zones d’entraînement. Généralement classées de 1 à 5, ces zones classifient les efforts en fonction de leur intensité. Un effort en zone 5, la plus élevée, sollicitera 90% ou plus de la VO2Max d’un cheval.
Le tableau ci-dessous montre que lors d’un effort facile (zone 1 à 2), le cheval consomme un quantité d’oxygène environ égale à 25% de sa VO2Max. À l’inverse, lors d’un effort d’intensité “importante” la consommation d’oxygène est supérieure à 60% de la VO2Max, créant un déficit d’oxygène chez le cheval. En général, un galop de chasse nécessite environ 50% de la VO2Max, là où un canter requiert 90 à 100% de la VO2Max et jusqu’à 115% lors d’un sprint (F.Bermann, 2010).
Source: V. Moucheboeuf, 2018.
Ces zones d’entraînement sont cruciales pour optimiser la charge d’entraînement d’un cheval (et éviter le sous ou surentraînement). De plus, elles permettent également de cibler l’entraînement d’un cheval : travail anaérobie dans les zones élevées et travail aérobie dans les zones plus faibles. Finalement, cela permet d’individualiser l’entraînement des chevaux de course et d’adapter l’intensité et leurs capacités et potentiels respectifs.
4. Un indicateur de suivi longitudinal des performances
La VO2Max, contrairement à la FC Max, peut évoluer au cours du temps. Elle dépend fortement de la génétique du cheval ainsi que de son âge, son sexe, son niveau d’entraînement et le moment de la saison.
Cet indicateur peut donc faire partie d’une routine de suivi longitudinal, permettant de quantifier la progression d’un cheval dans le temps. La data permet de voir l’évolution mais également de quantifier le coût énergétique de chaque effort demandé au cheval.
Conclusion
L’enjeux de l’entraînement est de repousser le seuil de vitesse auquel on atteint la VO2max, le seuil anaérobique. Ainsi, un cheval entraîné aura une VO2 plus faible pour un même exercice qu’un cheval non-entraîné, et aura une VO2 max plus élevée.
La VO2max n’étant pas mesurable en routine chez le cheval athlète, on lui préfère une mesure indirecte. En effet, la fréquence cardiaque à l’effort évolue dans le même sens que la VO2. Ainsi, un cheval entraîné aura une fréquence cardiaque, en pourcentage de sa fréquence cardiaque maximale, plus faible pour un même exercice qu’on cheval non-entraîné.
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Source
Moucheboeuf, 2018. Caractérisation de la charge de travail du cheval de sport: étude expérimentale des liens entre paramètres physiologiques et biomécaniques.
D. Evans et R. Rose, 1998, Determination and repeatability of maximum oxygen uptake and other cardiorespiratory measurements in the exercising horse
Q.Mercier et A.Aftalion, 2020. Pacing strategy in horse racing.
P.Galloux, 2017. Evaluer la condition physique de son cheval pour individualiser son entraînement
F.Bermann, 2010. Les bases de la physiologie de l’effort