Le cœur du cheval, pesant environ 4 kg et ayant une taille comparable à celle d’un ballon de basket (25 à 30 cm de long), joue un rôle crucial dans l’adaptation de l’animal aux efforts intensifs de l’entraînement. En tant qu’organe central du système circulatoire, il ajuste sa capacité cardiaque pour fournir efficacement sang et oxygène aux muscles sollicités. Les artères dirigent le sang oxygéné vers les organes et les muscles, tandis que les veines ramènent le sang appauvri en oxygène. La contraction musculaire dans un premier temps, propulse le sang, tandis que la phase suivante permet au cœur de se remplir à nouveau. Le système cardiovasculaire est assimilé à un vaste orchestre, où tout défaut structurel peut perturber son fonctionnement, créant une dissonance dans cette symphonie biologique. Un souffle cardiaque, ajoutant une note discordante au rythme cardiaque initial, devient la fausse note de l’orchestre, alertant ainsi l’entraîneur à divers niveaux.

Comment se manifeste le souffle cardiaque chez le cheval athlète ? A quoi est-ce dû ? Influence t-il la performance ?

Au programme de cet article :

1. Les propriétés d’un souffle cardiaque

2. Comment le déceler ?

3. L’impact sportif sur le cheval sportif

Les propriétés d’un souffle cardiaque

Un souffle cardiaque se manifeste par un son anormal audible qui se superpose ou s’ajoute aux bruits normaux du cœur. Initialement, on perçoit deux battements, appelés B1 et B2. Dans le cas d’un cheval présentant un souffle cardiaque, un troisième bruit, dit B3, vient s’ajouter. Ce bruit anormal se superpose à l’un ou aux deux bruits initiaux du cœur, donnant lieu à un souffle continu.

Trois principaux types de souffles sont définis :

• Le souffle physiologique est lié à une altération du débit cardiaque, c’est-à-dire du volume de sang expulsé par unité de temps, en raison d’un phénomène d’écoulement modifié.
• Le souffle fonctionnel est fréquent chez les chevaux de course, résultant de la circulation sanguine intense nécessaire pendant un effort soutenu. Les écoulements turbulents dans les voies circulatoires sont dus au large diamètre des vaisseaux sanguins chez le cheval athlète.
• Le souffle pathologique résulte d’un défaut structural cardiaque présent dès la naissance, entraînant une fuite de sang.

Le souffle cardiaque constitue une complexité pour le vétérinaire, qui doit évaluer avec précision les capacités du cheval présentant ce souffle. Il est essentiel de fournir au propriétaire-entraîneur des indications à court et long terme sur l’état de santé cardiaque et de définir une stratégie de suivi à long terme.

Le praticien caractérise le bruit anormal en se basant sur plusieurs paramètres tels que : 

• le point d’intensité maximale, 
• le timbre, 
• la radiation, 
• la localisation, 
• le moment d’apparition, 
• et le type de souffle.

Les origines possibles

L’émergence d’un souffle, qu’il soit fonctionnel, physiologique, ou pathologique, indique une perturbation dans le fonctionnement de l’appareil cardiovasculaire. Il est essentiel de comprendre l’origine de cette variation afin d’ajuster le quotidien du cheval athlète.

Le souffle pathologique, audible aussi bien au repos qu’à l’effort, trouve son origine dans une maladie ou une malformation congénitale.

Le souffle physiologique est fréquent chez les jeunes chevaux et les pur-sang. Lors de l’effort, il résulte d’une contraction intense du cœur provoquant des vibrations dans les structures cardiovasculaires, sans constituer une anomalie cardiaque en soi. Ce type de souffle peut être temporaire et se manifester également chez un cheval en déficit de fer, en proie à des coliques, ou souffrant d’une maladie cardiovasculaire.

Comment le déceler ?

Les symptomes

Outre la distinction dans la perception des bruits cardiaques au stéthoscope, les manifestations d’un souffle cardiaque peuvent se traduire par des changements inhabituels qui devraient alerter le propriétaire ou l’entraîneur.

Lors de l’effort, particulièrement chez un cheval athlète aux capacités sportives développées, des signes inhabituels peuvent être observés en présence de bruits cardiaques anormaux. Ces signes comprennent : 

• Un essoufflement marqué, 
• Une récupération prolongée, 
• Une sudation abondante indiquant une difficulté du cœur à propulser le sang dans l’organisme pour répondre aux besoins musculaires et métaboliques,
• L’intolérance à l’exercice physique se manifeste par une fatigue rapide ou une difficulté à maintenir le rythme pendant l’effort. 

La contre-performance, souvent liée à des problèmes locomoteurs, respiratoires, ou cardiaques (par ordre de fréquence), nécessite une évaluation médicale approfondie par un vétérinaire.

Au repos, il est crucial de surveiller certains signes indiquant une anomalie, tels que : 

• Une toux persistante associée à un éventuel souffle cardiaque causé par l’accumulation de liquide dans les poumons, 
• Une perte de poids même sans exercice intense, 
• Un œdème pouvant entraîner un gonflement abdominal ou des membres, 
• Une pâleur des muqueuses en cas d’anémie associée au souffle cardiaque, 
• Une faiblesse générale allant jusqu’au malaise ou à la difficulté à se déplacer.

Ces changements anormaux peuvent être indicateurs d’une baisse de la condition physique générale.

Examens médicaux

Afin d’identifier avec précision le profil du souffle cardiaque, le vétérinaire peut effectuer diverses analyses médicales qui renforceront son évaluation et offriront un aperçu plus détaillé de l’éventuelle anomalie cardiaque. Comme mentionné dans les symptômes, ces examens complémentaires peuvent être déclenchés par une contre-performance ou lors de l’achat d’un cheval présentant un bruit anormal détecté au stéthoscope.

Pour évaluer un souffle cardiaque chez un cheval, le vétérinaire peut recommander plusieurs analyses et examens complémentaires. Ces tests visent à déterminer la cause sous-jacente du souffle cardiaque et à évaluer la gravité de la condition. Voici quelques-unes des analyses qui peuvent être préconisées :

Echographie cardiaque présentant une anomalie de l’écoulement sanguin (illustré en rouge)

L’impact sportif sur le cheval athlète

La détection d’un souffle cardiaque chez un cheval athlète peut avoir des répercussions variables sur sa capacité sportive, en fonction de la taille de l’anomalie, du stade de développement, et de la nature de l’affectation. Certains souffles cardiaques peuvent être compatibles avec un niveau élevé de compétition.

Le système cardiovasculaire a la capacité de s’adapter pour compenser les fuites, mais inversement, il peut décompenser en cas de possibilité d’évolution à long terme et de persistance des troubles de la circulation sanguine. L’émergence d’une intolérance à l’effort, d’une augmentation de la fréquence cardiaque et respiratoire, d’une irrégularité du rythme, ainsi que de faiblesses, indique que le cheval athlète ne dispose pas de toutes ses capacités cardiaques. Il a été observé que les souffles cardiaques physiologiques n’ont pas de réels impacts démontrés sur la performance, de même pour les chevaux présentant des régurgitations tricuspides qui compensent en termes de capacité vasculaire, permettant ainsi une absence d’influence sur la performance.

Souffle systolique 

Les chevaux de course, en particulier les pur-sangs, ainsi que les jeunes chevaux, présentent une prévalence significative de souffles cardiaques. Au Royaume-Uni, le Timeform, une publication britannique spécialisée dans les courses hippiques, a introduit un système de classification annuelle basé sur plusieurs critères, évaluant la valeur numérique du cheval en fonction de ses performances. Cet indice qualitatif, exprimé en livres, n’est pas associé négativement aux souffles cardiaques, malgré la fréquence élevée de cette anomalie liée à la race et à l’âge.

En cas d’achat, le diagnostic de souffle cardiaque peut constituer un obstacle lors de l’examen vétérinaire. Le praticien doit caractériser de manière précise le souffle présent pour anticiper son possible développement dans le temps, permettant ainsi au futur acquéreur de disposer de toutes les informations nécessaires. L’impact du souffle cardiaque systolique sur la performance sportive du cheval athlète varie en fonction de son origine. Cependant, il est possible qu’aucune incidence clinique ne soit observée chez le cheval, auquel cas on le qualifie de souffle d’éjection physiologique.

Souffle diastolique

Le développement d’un souffle cardiaque diastolique survient progressivement, généralement après l’âge de 10 ans, et est moins fréquent que le souffle systolique. Le pronostic vital et sportif dépend de la vitesse d’évolution du souffle, bien que cela n’ait pas d’incidence sur les performances sportives des chevaux de course. La lenteur de son apparition permet une bonne tolérance chez les chevaux, à condition qu’aucun signe d’insuffisance cardiaque ou pulmonaire ne se manifeste.

Selon une étude parue dans le Journal of the American Veterinary Medical Association en 2000, aucune analyse des performances de course n’a révélé de lien entre la performance sportive et ce type de souffle. De plus, les examens dynamiques effectués dans cette étude indiquent que les chevaux ne présentant pas de souffle audible à une fréquence cardiaque basse ne développeront pas de souffles une fois la fréquence cardiaque augmentée.

Conclusion 

À ce jour, il n’existe aucun traitement spécifique pour les souffles cardiaques. Cependant, il est vivement recommandé d’assurer un suivi vétérinaire régulier, en particulier pour les chevaux athlètes soumis à des efforts intenses et répétés, sollicitant ainsi davantage leurs capacités cardiaques.

L’utilisation de l’EQUIMETRE pour surveiller quotidiennement la condition physique du cheval constitue un outil fiable tant pour l’entraîneur que pour le propriétaire. Cet appareil offre une perspective globale et étendue des performances du cheval, servant de référence. Les capteurs enregistrent la fréquence cardiaque et transmettent un électrocardiogramme en temps réel sur la plateforme d’analyse de données, consultable de près avec le soutien des data analysts chez Arioneo. La fréquence cardiaque sert de témoin pour évaluer la santé du cheval pendant l’exercice et lors de la récupération, calculée 15 minutes après. L’entraîneur peut ainsi observer facilement la progression positive ou négative du cheval en comparant les performances et entraînements précédents, en termes de foulée, de locomotion, et plus encore. Par conséquent, toute anomalie pouvant se manifester par un changement par rapport aux valeurs de référence nécessitera une auscultation approfondie pour en identifier la cause.

Le capteur élaboré par Arioneo renforce le suivi de l’entraînement en offrant finesse et régularité. L’EQUIMETRE permet d’intervenir dès l’apparition du moindre doute et de prévenir d’éventuelles pathologies ou affections. Son évolution constante vise à apporter toujours plus de précision, avec une transmission des données en temps réel. La plateforme communique à l’entraîneur des données précieuses traduisant la réponse du cheval à l’exercice, notamment en termes de charge de travail, de locomotion et de fréquence cardiaque.

Mots clés : souffle cardiaque, performance, cheval, cardiovasculaire, ECG, fréquence cardiaque, repos, effort

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