Le stress peut se définir comme “un état d’inquiétude ou de tension mentale causé par une situation difficile” d’après l’OMS.
Cela fait maintenant quelques années que la question du bien-être équin, qui se définit, d’après l’IFCE, comme “la bonne santé physique et mentale de l’animal“, se développe et prend de plus en plus d’importance dans les mentalités. Certaines études ont été menées et des initiatives ont été prises afin de sensibiliser sur ce sujet. L’IFCE a notamment mené une enquête en faveur du bien-être animal, relatant différents sujets comme l’évolution des pratiques en faveur du cheval.
En 2021, certaines figures du monde équin comme la Fédération Nationale du cheval, le Groupement Hippique National ou encore France Galop et Le Trot établissent la Charte pour le bien-être équin.
Les chevaux sont des êtres sensibles, naturellement sujets au stress. Dans le cas spécifique des chevaux de course, réels athlètes de haut niveau, cette sensibilité peut être accentuée par certains facteurs. Ces chevaux sont très sollicités quotidiennement, par les entraînements, les déplacements et les compétitions. Ces activités les exposent ainsi à de nombreux paramètres pouvant accentuer leur seuil de stress et altérer leurs performances. C’est pourquoi, ce paramètre est à surveiller rigoureusement afin que cela n’entache pas les performances et le bien-être du cheval.
1. Psychologie, facteurs et manifestation de stress chez le cheval de course
Les chevaux ont développé des habitudes comportementales et instinctives naturelles pour répondre à leurs besoins et à leur survie. Même chez les chevaux au travail, ces comportements instinctifs sont toujours présents chez eux et peuvent se manifester pendant l’effort ou au repos.
Comportement sociaux et instinctifs
Les chevaux sont naturellement dotés d’un réflexe de fuite, au vu de leur statut de proie dans la nature. Dans le cas des chevaux de course, ce comportement instinctif peut se ressentir à divers moments, comme pendant l’entraînement. Une situation qu’ils perçoivent comme dangereuse, comme un bruit soudain ou un élément surprenant, pourrait provoquer un stress important chez certains chevaux, les amenant à réagir soudainement par des écarts ou des départs rapides.
Ces réactions vont donc altérer l’entraînement, que ce soit au niveau du conditionnement psychologique ou physique du cheval. Le stress va avoir tendance à accélérer leur rythme cardiaque, pouvant monter jusqu’à 220 battements par minute, pour une norme de 160 BPM au galop. Ce phénomène est une réponse naturelle du cheval lui permettant de réagir rapidement en cas de danger.
Voici un exemple de l’entraînement d’Arion, pur-sang de neuf ans, enregistré avec EQUIMETRE le 28 mai 2024.
Courbe bleu = Vitesse
Courbe rouge = Fréquence Cardiaque
Ces résultats présentent un pic d’augmentation de sa fréquence cardiaque, montant ici à 225 BPM et mis en évidence en rouge. Sa fréquence cardiaque reste par la suite très élevée alors que sa vitesse a diminué.
Lors de cet entraînement, un bruit fort et soudain a surpris et donc stressé Arion, qui a fait un écart. L’augmentation de sa fréquence cardiaque relevée ci-dessus semble donc représenter cet événement.
Grâce à ce relevé et à l’analyse de la fréquence cardiaque d’Arion, il est plus simple de comprendre les répercussions physiologiques de certaines de ses réactions. Il est donc possible de constater les modifications causées par un événement sur son conditionnement physique et physiologique pour l’entraînement.
Facteurs de stress
Les chevaux de course ont un planning très dense et une activité sportive quotidienne. Ces entraînements et ces sollicitations physiques peuvent, dans un cas de surmenage ou un manque de temps de repos post-entraînement, accentuer la sensibilité du cheval et le développement de son stress.
Le transport représente une source majeure de stress pour les chevaux. Le confinement, les mouvements du véhicule et les différents bruits extérieurs contribuent à ce stress. Les chevaux de sport peuvent être sujets à de longs trajets entre les hippodromes et les centres d’entraînement pendant la saison hippique, ce qui peut affecter leur seuil de stress quotidien.
Manifestations physiologiques du stress :
Chez le cheval, le stress peut se manifester entre autres sur son fonctionnement interne, notamment sur son système digestif. En effet, l’estomac aura tendance à augmenter sa production d’acide gastrique (une solution d’acide chlorhydrique qui aide à réduire la taille des aliments). Cela va agresser les muqueuses, entraînant des inflammations pouvant causer des ulcères ou des coliques.
Le niveau de stress chez les chevaux peut également se relever par l’analyse de son taux de cortisol. Le cortisol est une hormone corticosurrénale qui intervient dans de nombreux métabolismes, notamment celui des glucides. Il est généralement considéré comme l’hormone du stress, car son taux augmente lors de stress aigus (CNRS). Un cheval devrait avoir un taux de cortisol d’environ 250 nanomol par litre de sang, chiffre pouvant être deux fois plus important lors d’une situation stressante. Il est donc possible de se faire une idée du seuil de stress, quotidien ou momentané, du cheval grâce à une prise de sang ou un test salivaire afin d’analyser la concentration de cortisol.
Manifestations comportementales du stress :
En dehors des répercussions physiologiques, le stress d’un cheval peut se révéler par des changements dans son comportement. Un cheval stressé peut développer un comportement imprévisible, voire dangereux, autant pour lui-même, que pour l’homme ou ses congénères. Ces comportements peuvent se traduire par de l’agitation au box ou sous la forme de tics, nerveux et locomoteurs. Un cheval qui tique à l’ours aura tendance à balancer la tête de gauche à droite, tandis qu’un cheval qui tique à l’air va aspirer de l’air en courbant l’encolure, puis le recrache avec un bruit d’éructation. Deux comportements présents chez un cheval inquiet, isolé ou stressé pouvant causer des coliques ou une usure anormale des dents.
2. L’impact du stress sur les performances
Durant les courses, les chevaux seront confrontés à un bruit et une foule assez conséquents, mais aussi au stress que le jockey ressentira lui-même au vu de la compétition. Ce stress va donc impacter les performances des chevaux pendant les courses. Alice Ruet, éthologue et ingénieur de recherche et développement, explique ceci dans un épisode du podcast Parlons Cheval de l’IFCE. “En effet, les performances des chevaux les jours de courses seront moins bonnes que lors de l’entraînement. Cette baisse de performance n’ira cependant pas jusqu’à la contre-performance, mais sera tout de même impactée. Ceci peut donc s’expliquer en partie par les différents facteurs de stress énumérés précédemment qui impacteront leur condition psychologique.”
Dans ce même podcast, Alice Ruet explique que “le stress peut également avoir un impact sur la mémoire à court terme du cheval, soit la mémoire de travail.” Ce facteur va donc influencer l’efficacité des entraînements. Si la mémoire du cheval n’est pas optimale durant un entraînement, celui-ci ne s’en souviendra que vaguement, voire pas, ce qui bloquera sa progression et par la suite, ses performances sportives.
3. Solutions préventives pour réduire le stress et assurer le bien-être : 3 Facteurs d’analyse
Le stress chez le cheval n’est pas toujours perceptible simplement en l’observant. De nombreuses recherches scientifiques ont démontré qu’il était possible d’établir des indicateurs de mesure objectifs du bien-être du cheval
1- L’alimentation
L’alimentation est l’un des facteurs les plus importants chez le cheval de course. Les chevaux nécessitent une alimentation adaptée qui saura répondre à leurs différents besoins. D’une part, le fourrage représente plus de la moitié de l’alimentation des chevaux de course, leur permettant d’avoir une dose suffisante de fibres dans leur régime alimentaire. En complément, les chevaux athlètes vont avoir besoin d’apports différents tels que l’alimentation concentrée apportée par les céréales comme l’orge, mais aussi de lipides et de minéraux.
2- L’environnement
Les conditions de vie et l’environnement du cheval peuvent avoir de réels impacts sur son comportement. Le Département des Sciences Biomédicales de l’Université de médecine vétérinaire de Vienne a mené une étude rétrospective pendant quatre ans sur l’impact de l’environnement sur les chevaux. 225 pur-sangs ont été analysés et les scientifiques ont relevé que 34,7% des chevaux présentaient des stéréotypies anormales comme des tics ou l’aérophagie. Les chevaux concernés étaient majoritairement logés dans des boxs, ce qui pourrait donc être l’un des facteurs du développement de ces stéréotypies.
Donner à un cheval l’accès à un extérieur, un paddock avec de l’herbe à disposition lui permet de récupérer plus facilement notamment après un entraînement. Ces moments de décontraction évitent le développement de comportements inhabituels comme les tics évoqués précédemment et favorisent le conditionnement psychologique du cheval.
3- La santé
Ici, la santé concerne particulièrement les répercussions physiques et physiologiques pouvant être causées par l’entraînement dans un cas d’entraînement trop intense ou un manque de récupération. Suivre l’état de santé d’un cheval tout au long de la saison est primordial pour assurer le maintien de sa bonne forme physique et de son bien-être et s’assurer que son rythme d’activité lui convient.
Un cheval sujet au stress de manière relativement importante verra sa fréquence cardiaque augmenter sur le long terme, en plus de pics de stress. Il est possible de contrôler cela grâce à des appareils de monitoring permettant de suivre la performance et la santé du cheval sur le long terme. Il est donc plus simple de détecter les anomalies liées à la fréquence cardiaque et essayer d’en trouver la cause avant le développement de certaines pathologies plus conséquentes.
Conclusion
Le stress peut donc représenter un réel frein à la fois pour la progression du cheval et pour ses performances sportives. Celui-ci peut impacter à la fois son comportement, mais aussi sa santé en perturbant son métabolisme. Ces perturbations physiologiques peuvent contribuer à évaluer le niveau de stress du cheval en surveillant des paramètres tels que la fréquence cardiaque ou le taux de cortisol.
Contrôler régulièrement l’état de santé du cheval ainsi que son bien-être est un réel atout pour l’évolution de ses performances. Ce contrôle peut être accessible grâce à des outils de monitoring tel qu’EQUIMETRE. Ce suivi permet d’assurer la pleine capacité physique comme psychologique des chevaux à courir et ainsi éviter des blessures ou problèmes de santé éventuels.
Mots clés : stress, bien-être, cheval de course, environnement, entraînements, performances