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Accueil 9 Physiologie 9 Les ulcères gastriques chez les chevaux de course : l’impact sur les performances

Les ulcères gastriques représentent une lésion d’érosion de la muqueuse gastrique. Cela a lieu lorsqu’un déséquilibre entre la production d’acide chlorhydrique et de mucus survient. Cette pathologie est très fréquente chez les chevaux, adultes comme poulains, mais particulièrement chez les chevaux à forte activité physique, comme les chevaux de course ou de sport. 

Chez les chevaux, les ulcères gastriques constituent la première pathologie gastrique et peuvent se développer pour différentes raisons en fonction de la partie de l’estomac touchée. 

Les différentes formes d’ulcères et leurs symptômes

L’estomac du cheval se constitue de deux parties distinctes : la région squameuse et la région glandulaire. La région squameuse se situe dans la partie dorsale de l’estomac et est la moins importante. De son côté, la région glandulaire occupe deux tiers de l’estomac et se compose de cellules sécrétrices de mucus et de glandes gastriques. Chez le cheval, des ulcères peuvent se développer dans chacune de ces régions de l’estomac sous différentes formes. 

Schéma d'ulcères gastriques chez un cheval

Lésions squameuses

Les lésions squameuses vont se développer principalement chez les chevaux adultes et ayant une forte activité physique. Pendant l’exercice, les muscles abdominaux vont se contracter et faire augmenter la pression intra-abdominale. Cette pression va générer une sécrétion importante d’acides gastriques qui vont endommager la muqueuse. C’est cette pression soumise à forte intensité et sur un temps long et répétitif qui va créer des ulcères. Et ce, en particulier lors de forte intensité d’efforts physiques. Ces ulcères sont donc les plus fréquents chez les chevaux de course ou de sport. 

Lésions glandulaires

Les lésions glandulaires vont être provoquées par un dérèglement de l’équilibre entre l’acidité gastrique et les barrières de protection de la muqueuse. En effet, la muqueuse est protégée des acides par deux barrières : une barrière physique composée de cellules qui se renouvelle rapidement et d’une barrière chimique, représentant principalement le mucus sécrété par la muqueuse. Les ulcères glandulaires vont donc se développer en cas de perte d’équilibre entre ces barrières et l’acide gastrique présent dans l’estomac. Cependant, il est encore compliqué de définir une cause précise de ce dérèglement. 

Symptômes

L’ulcère gastrique peut se relever par le biais de différents facteurs, principalement comportementaux. En effet, le cheval souffrant d’ulcères sera soumis à une gêne causée par la douleur de la lésion. Celle-ci sera accentuée au travail par la pression intra-abdominale.

Le cheval peut développer un comportement différent pendant les repas. Parmi les symptômes de douleurs gastriques, on reconnaît par exemple des bâillements, une diminution de l’appétit, des symptômes de coliques après les repas ou encore des grincements de dent (bruxisme). En termes d’état de santé plus général, il est possible de relever qu’un cheval souffre d’ulcères grâce à certains facteurs comme une fatigue importante, une perte de poids, un mauvais état du poil ou encore un ramollissement des crottins

Il est important de tenir compte de toutes ces modifications comportementales afin d’éviter le développement trop important des ulcères. S’ils ne sont pas pris en charge assez rapidement, ils peuvent se développer et s’aggraver. Dans certains cas, les ulcères se transforment en ulcères perforants : de profondes lésions pouvant arriver jusqu’aux vaisseaux sanguins. Il est possible de relever cette forme d’ulcères à l’observation des crottins. Du méléna, du sang digéré noir ou brun, peut être relevé dans les crottins. 

L’impact sur les performances

Les ulcères peuvent représenter un réel frein dans les performances sportives du cheval de course, affectant son alimentation, son comportement et son état physique général. 

Les chevaux de course sont particulièrement vulnérables aux ulcères gastriques. 50 à 90% des équidés (selon une étude de l’IFCE), peuvent en souffrir à un moment donné de leur carrière. Cette prévalence élevée est due à plusieurs facteurs liés à leur mode de vie et à leur régime d’entraînement. Le stress du corps lié à un effort musculaire est l’un des principaux facteurs : les chevaux de course sont soumis à des régimes d’entraînement rigoureux, des compétitions fréquentes et des déplacements constants, tous générateurs de stress. Ce stress augmente la production d’acide gastrique, ce qui peut endommager la muqueuse de l’estomac et mener à la formation d’ulcères.

La mauvaise alimentation du cheval en cas d’ulcères est la cause de beaucoup de facteurs liés à la perte de performance des chevaux de course. En effet, les ulcères engendrent une diminution importante de l’alimentation et de l’appétit du cheval. Ce manque d’alimentation peut causer une perte de poids et une réduction de leur masse musculaire, pouvant ainsi diminuer leur capacité à performer. La malnutrition engendrée par la douleur causée par les ulcères peut impacter son endurance. Ils peuvent en effet présenter une endurance réduite et une moindre capacité à maintenir leurs performances élevées sur de longues distances. Ces points engendrent des facteurs importants pouvant altérer les performances des chevaux. 

Exemple d’un cas concret d’ulcères ayant un impact sur la récupération et la locomotion

Comment les prévenir et les traiter ?

Comment les prévenir ?

Dans son milieu naturel, le cheval passe en moyenne 10 heures par jour à se nourrir, ce qui permet à son estomac de fonctionner de manière continue. Même en l’absence de nourriture, le cheval produit de la salive et de l’acide gastrique en permanence. L’alimentation des chevaux est souvent répartie en deux ou trois repas par jour, avec un accès au fourrage qui peut varier. Bien que cette routine soit courante et adaptée à de nombreux chevaux, elle peut parfois entraîner des périodes de jeûne prolongées. Ces moments sans nourriture, bien que gérables pour la plupart des chevaux, peuvent toutefois augmenter le risque de développer des ulcères chez les individus plus sensibles. Il est donc important d’ajuster l’alimentation en fonction des besoins spécifiques de chaque cheval pour minimiser ce risque.

L’estomac du cheval va sécréter continuellement des acides gastriques et ce même sans présence d’aliments. Le jeûne va faire chuter le pH gastrique du cheval qui va entraîner une exposition prolongée de la muqueuse squameuse à l’acide. Afin de contrôler cela, il est bon de mettre du foin à volonté à disposition du cheval afin qu’il mange 7 à 8 kg par jour. Ce fourrage va lui apporter des fibres et neutraliser la production d’acide grâce à la salive qui aura un effet tampon à cet acide gastrique. L’administration de fourrage avant le travail est aussi un bon mode d’alimentation pré-entraînement. Celui-ci permettra une production de salive deux fois plus importante et donc un effet tampon efficace contre l’acidité, ce qui permettra la protection de la muqueuse squameuse. 

La teneur en amidon, de céréale, présente dans l’alimentation du cheval, est également un point à surveiller. Des repas composés d’aliments concentrés distribués aux chevaux athlètes sont plus volumineux, vont plus remplir l’estomac et sont riches en amidon. Les aliments vont donc faciliter le développement de fermentations bactériennes et vont rester plus longtemps dans l’estomac. Cette fermentation va faciliter le développement d’acides gras volatiles (AGV) et ralentir la vidange gastrique. En milieu acide, les AGV parviennent à s’infiltrer dans les cellules de la muqueuse. De ce fait, la muqueuse squameuse a plus de risque d’être exposée au contenu acide et corrosif et donc au développement d’ulcères squameux. C’est pourquoi il est important de porter une attention méticuleuse à l’alimentation et aux façons d’administrer sa nourriture au cheval.

Traitement des ulcères

La meilleure manière de détecter un ulcère en cas de doute reste l’endoscopie gastrique. Ce processus indolore pour l’animal permet de détecter avec précision la position de l’ulcère et sa gravité afin d’adapter au mieux le traitement en faisant passer une caméra par les naseaux du cheval. L’endoscopie peut également être un moyen efficace de suivre l’évolution de l’ulcère, avec des endoscopies de suivis, pour s’assurer de l’efficacité des traitements. 

Il existe différents traitements contre les ulcères permettant d’éliminer les effets cliniques et faciliter la cicatrisation. L’objectif principal de ces traitements est de diminuer l’acidité de l’estomac du cheval afin que les parois de l’estomac soient moins agressées et que la cicatrisation puisse se faire de manière optimale. Le plus souvent, la molécule généralement utilisée est l’oméprazole, qui s’administre avec une seringue à déverser dans la bouche. En complément de l’oméprazole, il est possible de placer un pansement gastrique, sous la forme de gel liquide ou de comprimé qui, au contact de l’estomac, formera un gel qui viendra recouvrir les ulcères le temps de la cicatrisation.

Utiliser la data pour anticiper

Les ulcères peuvent être détectés grâce à une collecte régulière de données. Des inconsistances dans les données de récupération ou de locomotion peuvent en effet être des signaux d’alerte. Suite au traitement, il est important de continuer à monitorer le cheval afin de contrôler le retour à la normale de ses données. Il sera tout particulièrement important de s’assurer que les données de fréquence cardiaque à l’échauffement retombent dans les valeurs habituelles du cheval. En effet, lorsqu’elle est anormalement élevée, la fréquence cardiaque au premier trot peut être est un signe de douleur. 

On contrôlera également le retour à la normale des paramètres de cardio tels que la récupération après l’effort ou la récupération après 15 minutes. Si les ulcères se sont accompagnés de changements dans la locomotion du cheval, il sera intéressant d’analyser les données de symétrie au premier trot et d’amplitude (à 50 ou 60 km/h par exemple) afin que celles-ci reviennent progressivement à la normale.

Conclusion

Les ulcères gastriques, bien que fréquents chez les chevaux, représentent un défi majeur pour les entraîneurs et les propriétaires, surtout dans les écuries de course. Cette pathologie, si elle n’est pas correctement surveillée et traitée, peut non seulement nuire au bien-être des chevaux, mais également compromettre leurs performances à long terme.

L’utilisation des données se révèle être un outil précieux dans la gestion des ulcères. Elles permettent non seulement de détecter les signes précoces de la maladie, mais aussi de quantifier leur gravité, de dater leur apparition et de suivre l’efficacité des traitements administrés jusqu’au retour à un état normal. Grâce à ces analyses, les entraîneurs peuvent mieux anticiper les besoins des chevaux et ajuster leur prise en charge de manière proactive.

Il est donc essentiel d’adopter une approche préventive en matière de soins, incluant une gestion rigoureuse de l’alimentation et des facteurs de stress spécifiques aux chevaux athlètes. S’il y a suspicion d’ulcères, un diagnostic rapide par endoscopie et un suivi précis basé sur des données fiables peuvent aider à atténuer les effets de cette pathologie et prévenir sa récidive.

En définitive, la santé gastrique des chevaux doit rester une priorité tout au long de leur carrière sportive. En combinant une vigilance constante, l’utilisation de données pour une analyse fine et des ajustements personnalisés, on peut non seulement préserver leur bien-être, mais aussi maximiser leurs performances sur les pistes.

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