Depuis quelques années, la data prend une place de plus en plus importante dans le monde du sport. Aucune discipline n’y échappe, pas même les courses hippiques. Véritable vecteur d’optimisation de la performance et de la gestion de la santé, ces données jouent un autre rôle majeur. En effet, la récente adoption des technologies dans l’entraînement du cheval de course ouvre la porte à des études de très grande envergure.
Une équipe de chercheurs s’est donc posé la question suivante : quels sont les effets de l’âge et de l’entraînement chez le galopeur ?
Âge et entraînement ont tous deux des effets mesurables grâce la collecte de paramètres physiologiques lors de l’entraînement. Dans le cadre de la détection précoce des troubles du développement du galopeur, il convient de comprendre l’évolution des paramètres mesurés. Ici, nous avons évalué l’effet couplé de l’âge et l’entraînement sur 4 paramètres enregistrés lors de l’entraînement quotidien de galopeurs. Ces derniers étaient équipés d’un système mesurant l’allure, la distance, la vitesse, la fréquence cardiaque, la longueur et la fréquence des foulées à 1Hz (Equimetre, Arioneo, France). Les données internationales de 46 512 entraînements (7 622 chevaux et 368 entraîneurs) ont été extraites anonymement pour des séances d’au moins 20 minutes, comprenant une section de 600m de galop continu à une vitesse moyenne supérieure à 10 m/s.
Objectif – Comparer les groupes d’âge pour 4 paramètres physiologiques évalués de manière standardisée lors des entraînements quotidiens de pur-sang.
Les quatre paramètres analysés sont les suivants :
- Fréquence cardiaque maximale – C’est le nombre de battements maximal que le cœur d’un cheval peut atteindre lors d’un effort. Elle n’est pas corrélée à la performance et est propre à chaque cheval.
- Récupération 15 minutes après l’effort – Fréquence cardiaque enregistrée 15 minutes après l’effort. Ce paramètre est un témoin de l’état de fitness du cheval.
- Fréquence cardiaque moyenne à l’échauffement – Fréquence cardiaque enregistrée lors de la phase d’échauffement de l’entraînement.
- Fréquence de foulée (aussi appelée cadence) – Nombre de foulées répétées par seconde. Ce paramètre a été théorisé dans la littérature comme un outil pour identifier la distance de prédilection chez le cheval.
Figure 1 – Effet de l’âge (2, 3, 4, 5, 6 ans) sur la fréquence cardiaque maximale du cheval, la récupération de 15min après l’effort, la fréquence cardiaque moyenne à l’échauffement et la fréquence de foulée à 14m/s. n : le nombre de mesures incluses dans la population.
On observe :
- Une diminution significative de la fréquence cardiaque maximale sur la période 2 à 6 ans.
- Une diminution significative de la Récupération à 15 min entre les périodes de 2-4 ans et 5-6 ans.
- La fréquence de foulées connaît également une diminution significative entre les 2 et 4 ans.
Âge et entraînement : les galopeurs améliorent considérablement leur fitness entre 2 & 4 ans
La relation entre l’âge et les paramètres est présentée dans la figure 1. L’effet de l’entraînement sur la fréquence cardiaque maximale suggère une amélioration significative du niveau athlétique enregistré entre 2 et 4 ans. Cela peut être expliqué par plusieurs adaptations physiologiques, telles que l’augmentation des dimensions cardiaques, du débit cardiaque et de la capacité aérobie globale, comme souligné précédemment. La récupération pourrait être un paramètre d’intérêt particulier pour les entraîneurs, comme marqueur de la condition physique.
La capacité d’accélération évolue avec l’âge
Dans cette étude, il est prouvé que la fréquence des foulées diminue avec l’âge, ce qui indique que l’amélioration de la vitesse passe principalement par une augmentation de l’amplitude des foulées, comme cela a été démontré en courses. Il existe donc un seuil de vitesse justifiant que le galopeur a atteint sa fréquence cardiaque maximale.
Conclusion
Ainsi, l’âge et l’entraînement influence considérablement les paramètres de récupération à 15 minutes, de fréquence cardiaque maximale et de cadence, sur la période de 2 à 4 ans. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour explorer et identifier les adaptations physiologiques à l’entraînement, d’une zone géographique à l’autre. La création de bases de données de paramètres physiologiques équins démultiplie le champs des possibles en matière de science du sport hippique, et permet d’apporter de nombreux éléments de réponses. La voie est ouverte, c’est l’occasion de combler tous ces flous, toutes les choses que nous ne savons pas.
Écrit par : Guillaume Dubois1, Marie Didier1, Fe ter Woort2, Emmanuelle Van Erck2
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