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Le suivi médico-sportif du cheval athlète : quels bénéfices ?

Science et santé

vétérinaire et chevaux de course sur ligne de départ

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Le suivi médico-sportif du cheval athlète est un outil particulièrement intéressant à mettre en place au sein d’une écurie de haut de niveau. La préparation du cheval de sport est complexe et regroupe un ensemble de paramètres : la préparation physique, cardio-vasculaire et musculaire (avec le développement de la masse musculaire).  Réussir à amener un cheval à son potentiel maximum, tout en respectant son intégrité physique, est un long chemin. Certaines actions simples, réalisées quotidiennement contribuent à l’implémentation du suivi sportif. Dans cet article, vous découvrirez pourquoi il peut être intéressant de le mettre en place, ainsi que des préconisations pour optimiser son implémentation. 

Suivi médico-sportif chez le cheval – Définition

On peut théoriquement définir le suivi médico-sportif du cheval comme l’investissement permanent d’un vétérinaire auprès d’une écurie de sport. Les chevaux de l’écurie suivent un entraînement élaboré par l’entraîneur (dans le cadre d’une écurie de course) ou d’un cavalier professionnel (dans le cadre d’une écurie de sport). Ces professionnels se doivent de fournir un entraînement de qualité, et adapté à chaque cheval afin que ces derniers atteignent leurs objectifs.

La médecine sportive intervient dans toutes les étapes de la vie sportive d’un cheval et consiste à contrôler les capacités physiques du sportif par des bilans réguliers, contribuer à l’élaboration de protocoles d’entraînement adaptés à chaque cheval, et s’assurer qu’ils sont bien supportés par le cheval.

Pourquoi mettre en place un suivi médico-sportif de vos chevaux ?

1. Mesurer les effets de l’entraînement

L’entraînement induit un ensemble de transformations sur l’organisme des équidés, ces dernières étant indispensables à la pratique sportive. Ces transformations peuvent avoir à la fois des effets positifs, mais également des effets négatifs.

Parmi les effets positifs nous pouvons citer, entre autres : 

  • Les différentes adaptations des systèmes cardiovasculaire, respiratoire, musculaire etc. 
  • L’apprentissage du geste technique
  • La gestion de l’intensité et de la durée de l’effort

Parmi les effets négatifs, nous pouvons citer :

  • L’apparition de microlésions musculo-tendineuses
  • Des troubles locomoteurs
  • Du stress et de l’inflammation

L’équilibre entre sous-entraînement et surentraînement peut s’avérer difficile à trouver. Chaque cheval est différent. Un entraînement qui convient à un cheval peut être source de boiterie pour un autre.

Le premier intérêt du suivi sportif du cheval athlète réside dans la vérification des effets de l’entraînement. En effet, il devient alors possible de mesurer tangiblement la progression sur une période donnée et de répondre à une série de questions :

  • La progression avance-t-elle comme attendue ? 
  • Le cheval est-il prêt pour sa compétition ? 
  • Faut-il adapter l’entraînement ?

2. Prévenir et détecter les affections cliniques

Le deuxième objectif du suivi médical est l’action préventive qu’il permet d’instaurer. En suivant régulièrement vos chevaux, votre vétérinaire dispose d’une meilleure connaissance de chacun d’entre eux, et peut ainsi détecter plus facilement, et plus tôt, certaines affections cliniques. Le problème est alors traité en amont, dès l’apparition des premiers symptômes et le cheval est pris en charge rapidement afin d’être traité. De plus, la mesure de l’entraînement offre une meilleure maîtrise de la charge de travail : il est ainsi plus facile pour l’entraîneur d’adapter le niveau d’activité au cours du traitement. Par exemple, il est tout à fait possible de détecter des microlésions n’ayant pas encore induites une invalidité du cheval, de les traiter, et d’octroyer quelques jours de repos afin que le cheval puisse se rétablir et reprendre une activité plus intense une fois guéri.

3. Éviter le surentraînement et les accidents

Enfin, en alliant la mesure de l’efficacité de l’entraînement au travail de prévention médical, les risques de surentraînement et d’accidents devraient être grandement réduits. Ces événements sont les plus néfastes pour la carrière sportive d’un cheval. 

2. Comment mettre en place ce suivi médico-sportif au quotidien ? 

1. Le suivi quotidien

Bien que le suivi médico-sportif implique le vétérinaire, il existe des actions que l’entraîneur et les cavaliers sont à mêmes de réaliser, afin de mener un travail de prévention quotidien ou hebdomadaire. 

Analyser l’état comportemental et général

L’état comportemental d’un équidé en dit long sur sa santé mental et physique. Il peut être évalué au repos et à l’effort. Pour réaliser ce suivi, on peut par exemple mesurer l’intérêt du cheval pour l’environnement, son humeur, son appétit, son comportement avec les hommes et ses congénères etc. À noter qu’il est compliqué de détecter un cheval surentraîné à partir d’indicateurs sanguins car cela n’induit pas nécessairement de transformations particulières. Il est donc détectable à partir d’aspects psychologiques. 

Les signaux physiques de surentraînement à surveiller sont :

  • L’anorexie
  • L’abattement
  • L’irritabilité
  • La réticence au travail

Prendre la température

La température est un paramètre non négligeable de la santé du cheval. La récente épidémie de rhinopharyngite ayant secoué le milieu du Jumping en 2021 a d’ailleurs participé à la démocratisation de la prise de la température comme action préventive. 

La température est un signe avant-coureur de nombreuses maladies et elle renseigne également sur la réponse du cheval à ses contraintes environnementales. 

Il est intéressant de la prendre régulièrement le matin, afin d’établir une valeur de référence pour chaque cheval. À partir de ce point, il sera possible d’identifier une transformation si la température varie soudainement. 

Examiner la locomotion des allures

La boiterie est la première cause d’arrêt de l’entraînement chez le cheval athlète. Réussir à dépister le problème le plus tôt possible est l’un des enjeux principaux du suivi de l’entraînement. Cela permet également de traiter et suivre une pathologie connue.

L’examen locomoteur peut être réalisé avant, après, et le lendemain d’une grande séance ou compétition. Cela permettra de s’assurer que l’effort intense n’a pas entraîné de dégradation quelconque de la locomotion. 

Suivre la fréquence cardiaque à l’effort, pendant la récupération et au repos 

La fréquence cardiaque est un excellent indicateur de fitness. Augmentant dès qu’un problème survient, c’est un témoin idéal pour détecter tous types d’anomalies : infection, inflammation, douleur, stress…

De nombreuses études scientifiques ont permis d’identifier des valeurs de référence selon les disciplines afin de pouvoir interpréter cette donnée. 

Comment la mesurer ? 

Il faut se munir d’un capteur connecté (tel qu’Equimetre) afin de pouvoir la mesurer au repos et à l’effort. Une fois les données collectées, vous pouvez les analyser et en discuter avec votre vétérinaire si vous pensez avoir détecté une anomalie. 

fréquence cardiaque et vitesse qui augmente linéairement

La fréquence cardiaque augmente linéairement avec la vitesse, jusqu’à atteindre la fréquence cardiaque maximale. Ainsi, lorsque la vitesse diminue, la fréquence cardiaque devrait suivre le même schéma et diminuer dans le temps aussi. 

➡️  Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre article sur les 5 clés d’analyse de la fréquence cardiaque.

Implanter un test d’effort standardisé

Un test à l’effort est un moyen de caractériser la capacité de travail d’un cheval grâce à l’objectivation de sa réponse à l’entraînement. À l’issue du test, l’entraîneur et le cavalier sont à même d’adapter la programmation de l’entraînement en fonction des résultats obtenus au test.

En collaboration avec votre vétérinaire, vous pouvez établir un protocole de test à l’effort pour les chevaux de votre écurie. Ces tests doivent absolument être standardisés, c’est à dire réalisés dans des conditions identiques à chaque fois, afin de pouvoir comparer les résultats d’un test à l’autre : la vitesse, les conditions climatiques, la durée, le cavalier et tous les paramètres doivent être similaires. 

Suivre le poids de vos chevaux

Bien que rarement numérisées, les données de poids permettent à l’entraîneur et au cavalier d’identifier le poids de forme de leurs chevaux de manière plus précise, en plus de l’appréciation visuelle. Une fois défini, le poids de forme correspond au poids optimal à atteindre pendant une période de performance sportive. Par exemple, pour un cheval qui reprend l’entraînement, cette donnée est une aide pour recalibrer le planning et s’assurer de l’efficacité de l’entraînement. À l’inverse, détecter une perte de poids précoce permet de limiter le risque de surentraînement et donc d’éventuelles blessures. Enfin, un autre intérêt de peser son cheval régulièrement est de quantifier l’impact de la compétition sur l’organisme, et s’assurer qu’il récupère bien.

Il est préconisé de peser votre cheval avant, juste après et après la phase de récupération d’une compétition. Votre cheval devrait retrouver son poids habituel peu de temps après l’événement. Chez le cheval athlète, l’exercice maximal induit une forte déshydratation, à l’origine de la perte de poids de l’athlète, pouvant aller jusqu’à 20 kg. Le délai de récupération (entre 3 et 9 jours généralement) du poids après une compétition est un élément important du suivi médico-sportif.

2. Des outils dédiés à la mise en place de ce suivi quotidien

Les paramètres à mesurer au repos – La fréquence cardiaque, le poids, la température

Comment ? Avec un thermomètre, un cardiofréquencemètre et une balance. De nos jours, il existe de plus en plus d’outil très bien construits et adaptés aux contraintes du terrains, permettant de centraliser toutes ces informations au sein d’une même plateforme. 

Les paramètres à l’effort – La fréquence cardiaque, la vitesse, la locomotion, distance de travail moyenne, vitesse moyenne, vitesse max etc, la charge de travail, le temps pour récupérer etc.

Cardiofréquencemètre

Mesurer la fréquence cardiaque du cheval de course permet d’obtenir des informations sur son niveau de forme physique et sur son adaptation à l’entraînement. Un cardiofréquencemètre ou moniteur de fréquence cardiaque est un appareil de surveillance qui permet de mesurer/afficher la fréquence cardiaque et de l’enregistrer pour en faire une analyse ultérieure.

données de cadence et d'amplitude
Outil de quantification de la locomotion

Il est possible d’évaluer l’état de santé général d’un cheval en analysant la manière dont il se déplace. Les systèmes de quantification de la locomotion permettent de stocker différents examens locomoteurs au cours du temps et ainsi, avoir une mémoire objective et chiffrée des précédents examens réalisés.

Balance

La balance permet de peser vos chevaux. C’est l’outil parfait pour contrôler et suivre la courbe de poids et la santé de vos chevaux.

3. Des examens complémentaires médicaux

Bien entendu, en plus de ce suivi quotidien, il est indispensable d’impliquer le vétérinaire de manière fréquente afin de réaliser des examens complémentaires. 

Bilan sanguin

L’entraînement modifie un certain nombre de paramètres sanguins, et c’est l’un des examens les plus courant en médecine sportive. Généralement réalisé au début de la saison, un bilan sanguin collecte des valeurs de référence avant que l’entraînement et la saison ne reprennent. Il est important de réaliser une prise de sang avant chaque grosse échéance, afin de ne pas engager un cheval dont la santé ne lui permettra pas de performer. Durant la saison, en réaliser de nouveaux après un exercice intense ou une compétition permet d’évaluer la réponse de l’organisme du cheval à l’effort intense, et de savoir s’il est nécessaire d’adapter le travail. 

Test d’effort avec mesure de lactate

L’objectif de cet examen médical est de solliciter l’organisme plus que lors d’un entraînement basique, sans pour autant atteindre le niveau de compétition pour évaluer un certain nombre de paramètres physiologiques. Il se réalise sur des chevaux déjà entraînés, et presque prêts à concourir. Pour en savoir plus sur le test à l’effort, nous vous recommandons cet article. 

Conclusion

Bien évidemment, d’autres examens médicaux sont réalisables selon les besoins de chacun. Cet article ne liste pas exhaustivement les examens nécessaires à la mise en place du suivi médico-sportif, mais propose des pistes d’approches. 

Vous l’aurez compris, les maîtres mots de cet article sont adaptation et prévention. De nombreux facteurs influencent la performance de vos chevaux, et le suivi médical est sans doute l’un des plus important. 

Instaurer un suivi médico-sportif chez le cheval athlète c’est :

  • S’assurer que le cheval supporte les contraintes de l’entraînement
  • Prévenir le risque de blessure
  • Traiter et suivre l’évolution d’une affection clinique
  • Adapter l’entraînement
  • Préserver la santé du cheval

Bibliographie 

Galloux, P., & Goupil, X. (2022). Le suivi de la récupération après une compétition. https://equipedia.ifce.fr/equitation/disciplines-olympiques/planification-de-lentrainement/suivi-de-la-recuperation-apres-une-competition

Robert, C. (2021). Suivi médico-sportif du cheval à l’entraînement. In Suivi médico-sportif du cheval à l’entraînement. IFCE. Retrieved from https://www.ifce.fr/ifce/connaissances/webconferences/autres-activites-equestres/suivi-medico-sportif-du-cheval-a-l-entrainement/

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