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Accueil 9 Trotteurs 9 Récupération active chez le trotteur : quels bénéfices ?

La récupération active chez le trotteur est un sujet encore très peu exploré dans la recherche équine. Pourtant, chez les athlètes humains, de nombreuses études démontrent l’importance de ce type de récupération après l’effort. La capacité de récupération est d’autant plus importante puisqu’elle est considérée comme l’indicateur de fitness par excellence chez le cheval. Meilleure est la récupération, meilleur est le fitness. Cette étape n’est donc pas à négliger chez le cheval de course. 

Quelles sont les meilleures pratiques en termes de récupération ? 

Différents paramètres témoignent d’une bonne récupération. On peut citer la récupération cardiaque et récupération respiratoire, deux éléments incontournables pour qualifier la récupération du trotteur. À ce titre, l’analyse conjointe des courbes de fréquence cardiaque et de vitesse représente un outil fiable pour évaluer la capacité de récupération. 

Voici un exemple d’analyse de la récupération effectué à l’aide des données Equimetre. L’entraînement de ce cheval est composé de 4 paliers de 1000m en ligne droite avec des phases de récupération entre chaque palier.

récupération active chez le trotteur

Données issues de la plateforme EQUIMETRE 

récupération active chez le trotteur

En moyenne, ce cheval a une fréquence cardiaque après intervalle de 100 BPM. Ceci témoigne d’un bon système cardio-vasculaire. En effet, une récupération peut être qualifiée de normale lorsque la fréquence cardiaque mesurée entre les paliers redescend en dessous de 110 BPM.

La faculté de l’organisme à éliminer l’acide lactique accumulé dans le sang témoigne d’un niveau de fitness élevé. D’une séance à l’autre, la récupération s’améliore si, à effort demandé comparable, la FC après l’effort diminue.

Suivie attentivement et quotidiennement, la récupération est un paramètre capital pour la préparation sportive et le suivi de la santé. Une dégradation de la récupération inexpliquée peut être un symptôme de pathologies cardio-respiratoires. Elle devrait être investiguée par un vétérinaire. Ce dernier peut utiliser les données EQUIMETRE grâce à l’extraction de l’électrocardiogramme (ECG) collecté au cours de l’entraînement afin d’affiner son diagnostic.

2. Récupération active vs récupération passive 

Afin de réduire l’intervalle de temps entre chaque séance d’entraînement, l’organisme du cheval doit régénérer ses conditions physiques et physiologiques de repos le plus rapidement possible : la récupération post-effort doit donc être la plus efficace possible. Il existe deux types de récupération : la récupération passive et la récupération active.

La récupération passive, un modèle adapté à des efforts alactiques

Ce type de récupération consiste à ne rien faire de particulier après l’effort et de se limiter, tout au plus à un peu de pas pour rentrer aux écuries. Il est adapté à des cas d’exercices de faible intensité ou d’endurance à faible vitesse au cours desquels l’organisme ne produit pas d’acide lactique. 

Lors d’un effort de faible intensité, aucune dette en oxygène n’est contractée. Cette dette se nomme également “consommation d’oxygène de récupération” et correspond à l’approvisionnement en oxygène nécessaire pour retrouver les conditions physiques et physiologiques de repos.

À titre d’information, il n’y a généralement pas d’accumulation de lactates lorsque la consommation en oxygène est inférieure à 50% de la VO2 max. Dans ce cas, la récupération est plus rapide si elle est passive, car l’exercice ne servirait qu’à élever le métabolisme (en produisant de nouveaux lactates) et donc à retarder son élimination et la récupération complète du cheval.

L’intérêt de la récupération active après un effort caractérisé d’anaérobie lactique chez le trotteur

La durée d’une course de trotteurs se situe entre 2 et 5 minutes, allant de 1 600 à 4 000 mètres à parcourir. Par conséquent, la mobilisation de la filière aérobie n’est pas suffisante pour fournir l’énergie nécessaire. En moyenne, l’effort se situe d’abord à 50% en zone aérobie, en début de course. Puis, 50% de la course se déroule en anaérobie lactique afin d’atteindre la vitesse maximale durant le sprint final.

L’une des solutions pour éliminer l’accumulation d’acide lactique est la récupération active. L’entraînement permet également de mieux tolérer cette présence et de faire descendre son taux de manière plus rapide et efficace. La quantité d’acide lactique présente dépend de l’intensité et de la durée de l’effort. Durant la récupération, les réserves énergétiques utilisées sont restaurées et les déchets du métabolisme éliminés. 

Maintenir une activité favorisant la circulation sanguine et l’apport d’oxygène, après l’effort, contribue à l’amélioration de la récupération. Il s’agit d’effectuer un effort aérobie (en endurance) immédiatement après un effort intensif et relativement court pour aider son cheval à récupérer. Par exemple, 10 minutes de petit trot constituent une récupération active. L’objectif de cette récupération est de retrouver les conditions de repos le plus rapidement possible, optimisant ainsi la préparation pour un éventuel futur exercice. Il est également recommandé d’effectuer un exercice de récupération active (tel qu’un trotting) le lendemain d’un effort intense afin d’achever l’élimination des déchets. En effet, la restauration complète du muscle s’effectue entre 24 et 48h après l’effort intense selon les chevaux.

3. Ce que dit la science : les avantages de la récupération active

Peu d’études scientifiques se sont portées sur l’analyse de la récupération active chez le cheval, et celles qui existent ont principalement étudié les chevaux de CCE et les pur-sangs. Concernant les trotteurs, une thèse vétérinaire réalisée par Sandra Dahl, au sein de l’école nationale vétérinaire d’Alfort souligne les différents bénéfices de la récupération active chez le trotteur grâce à son étude expérimentale. 

L’étude s’est portée sur 37 chevaux âgés de 3 à 11 ans ayant réalisé un test d’effort comportant trois paliers successifs de trois minutes (avec une vitesse augmentant d’un palier à l’autre), séparés chacun d’une minute de repos. L’objectif était de dépasser le seuil des 4 mmol/L de lactates à la fin du dernier palier (ce qui est synonyme d’un effort intense). Suite à ce travail, chacun des 4 groupes a effectué une récupération différente :

  • Récupération passive (retour direct au box après l’effort)
  • Récupération active légère (10 minutes de pas après l’effort)
  • Récupération active moyenne (10 minutes de petit trot après l’effort)
  • Récupération active intense (10 minutes de trot après l’effort)

Nous présenter les résultats du groupe de récupération passive, et du groupe de récupération active intense.

La récupération cardiaque après l’effort est meilleure

Dix minutes après l’exercice (à T20), donc 10 minutes après la récupération active et 20 minutes après la récupération passive, les fréquences cardiaques des deux groupes de trotteurs sont presque similaires. Pour les chevaux ayant effectué une récupération passive, la FC n’a presque pas diminué depuis l’instant T10, en se stabilisant autour des 75 BPM. Cependant, pour le groupe ayant effectué une récupération active au trot à 25 km/h, la fréquence cardiaque est passée d’environ 160 BPM à environ 60 BPM entre T10 et T20. Ainsi, la récupération active permet un retour plus rapide à une fréquence cardiaque proche de celle du repos. À l’instant T60, soit 50 min après la récupération active, la FC moyenne du groupe ayant bénéficié d’une récupération active au trot de 25 km/h a retrouvé sa valeur de repos, et est significativement inférieure à celle du groupe ayant récupéré au box.

récupération active chez le trotteur

Graphique montrant la fréquence cardiaque des chevaux (moyenne ± écart-type), par groupe de récupération
Source : thèse vétérinaire réalisée par Sandra Dahl sur la récupération active chez les trotteurs

Concernant la récupération cardiaque, une récupération active et intense (trot à 25 km/h) paraît plus pertinente qu’une récupération passive, ou au trot léger (15 km/h).

Un retour à une température normale plus rapide

Les chevaux ayant récupéré activement voient leur température corporelle revenir plus rapidement à une valeur proche de celle du repos (38,5 ° après une récupération contre 39 ° lors d’un retour au box directement après l’effort).

Graphique montrant la température corporelle des chevaux (moyenne ± écart-type) par groupe de récupération

récupération active chez le trotteur

Graphique montrant la température corporelle des chevaux (moyenne ± écart-type) par groupe de récupération
Source : thèse vétérinaire réalisée par Sandra Dahl sur la récupération active chez les trotteurs

La pratique d’une récupération active post-effort facilite l’extraction lactique du courant sanguin. Cependant, nous pouvons identifier certaines limites à cette étude. Tout d’abord, nous pouvons nous questionner sur la fiabilité des outils utilisés durant l’étude. De plus, cette thèse vétérinaire n’a pas fait l’objet d’une validation scientifique. Par ailleurs, les différentes conditions météorologiques n’ont pas été prises en compte pour analyser la performance des chevaux. Enfin, la comparaison est effectuée sur différents chevaux, possédant donc des capacités différentes. Une comparaison par cheval, avec et sans récupération active serait plus pertinente.

4. Évaluer la meilleure option de récupération pour vos chevaux 

Vous l’aurez compris, pour identifier la méthode de récupération la plus adaptée, il est important de mesurer l’intensité et la durée de l’effort. Pour cela, il peut être intéressant de quantifier l’entraînement grâce à EQUIMETRE. Si l’exercice se déroule en zone d’anaérobie, une récupération active peut s’avérer pertinente.

Il est possible de mesurer l’efficacité de la récupération active sur le trotteur. Pour cela, il est envisageable d’effectuer un test d’effort, comportant 3 paliers de 3 minutes chacun avec un temps de repos de 1 min entre chaque palier. À la suite de celui-ci une récupération active à 25km/h peut être effectuée afin de tester son efficacité. Au cours de ce test, il est nécessaire de mesurer la fréquence cardiaque à l’aide d’un cardiofréquencemètre tel qu’EQUIMETRE. 

Ces mesures doivent être effectuées à T0 (directement après l’effort), à T10 (à la fin de la récupération active), à T20 et à T60 (au repos). Il est intéressant d’effectuer le même test sur le même cheval lorsque celui-ci n’effectue pas de récupération active après l’effort. Ainsi, nous pouvons mesurer différentes vitesses de récupération et savoir précisément si la récupération active est bénéfique après un entraînement intense. Cependant, ces séances sont très éprouvantes et doivent être menées avec précaution et à l’aide d’un vétérinaire.

Conclusion

Plus la récupération active est utilisée chez les trotteurs, plus l’inconfort et la douleur post-exercice peuvent être réduits. Il peut donc être recommandé aux entraîneurs de trot d’effectuer une récupération active au petit trot dans les dix minutes suivants un effort intense. En revanche, un tel exercice n’est pas recommandé après un effort peu intense, car il produirait de nouveaux lactates à éliminer et serait contre productif. 

Cependant, le manque d’études scientifiques spécialisées chez le trotteur ne permet pas d’affirmer avec certitude les bienfaits de la récupération active. De nouvelles études devraient être explorées afin de confirmer les bienfaits relevés chez les chevaux de CCE et pur-sangs.

La récupération active est bénéfique lors des efforts très intenses, au cours desquels l’organisme produit des acides lactiques. Ses bénéfices sont multiples : élimination des acides lactiques, amélioration de la récupération cardiaque et respiratoire et diminution de la température corporelle pour un retour à la normale. 

Mots-clés : récupération active, trotteurs, fréquence cardiaque, température corporelle, efforts, chevaux de course