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Accueil 9 Physiologie 9 Surveiller l’impact d’une course sur le fitness d’un cheval

Surveiller l’imapact d’une course sur le fitness d’un cheval est un élément important du suivi médico-sportif.

Le jour de course est le jour en vue duquel tous les chevaux de course sont entraînés : l’entraînement n’a que pour but d’optimiser la performance du cheval le jour J. Diriger l’entraînement pré-course est une chose, mais il ne faut pas sous-estimer la période post-course. La récupération du cheval dépend de plusieurs éléments métaboliques à prendre en compte, mais aussi de paramètres externes à ne pas négliger. Le cheval de course est un athlète de haut niveau qui nécessite une attention toute particulière après l’effort, c’est pourquoi nous vous donnons les clés de compréhension de son métabolisme pendant la course pour mieux appréhender le retour de course et la reprise de l’entraînement.

Des éléments simples peuvent vous donner une indication sur la forme de votre cheval le jour de la course : son attitude, sa vivacité, son niveau d’énergie, de stress ou d’inquiétude. Le cheval a-t-il bien supporté le transport (agitation, transpiration, appels) ? Quelle est son attitude au rond de présentation ?

Maintenant, regardons ce qu’il se passe dans le corps d’un cheval de course à partir du moment où il s’élance des boîtes.

1. Les mécanismes de production énergétique chez le cheval de course 

À la sortie des boîtes, la fréquence cardiaque du cheval augmente très rapidement, l’apport en sang vers les poumons s’intensifie afin de maintenir un apport en oxygène suffisant. Pour comprendre comment le cheval arrive à maintenir l’effort, il faut maîtriser les concepts d’aérobie et d’anaérobie.

Dès le début d’un effort, dès l’échauffement, trois mécanismes de création d’énergie se mettent en place. Le premier, le mécanisme aérobie, utilise l’oxygène pour dégrader des graisses et créer de l’énergie. Le deuxième, l’anaérobie alactique, utilise des sucres présents dans les muscles, pour générer de l’énergie, ce qui va produire des déchets qui sont éliminés par l’oxygène. Dans le troisième, l’anaérobie lactique, l’apport en oxygène n’est plus suffisant pour éliminer les déchets produits par le mécanisme d’anaérobie : les acides lactiques s’accumulent dans les muscles qui deviennent douloureux et l’effort ne peux être tenu plus longtemps.

On appelle seuil d’anaérobie le seuil de fatigue du cheval, c’est-à-dire le moment où l’aérobie ne suffit plus (la fréquence cardiaque et respiratoire est à son maximum et l’apport en oxygène ne permet pas d’éliminer tous les déchets produits par l’anaérobie alactique). L’objectif est donc de savoir à quel moment le cheval passe dans le rouge, c’est-à-dire la vitesse à laquelle il ne parvient plus à éliminer l’acide lactique grâce à son apport en oxygène. Ce seuil s’appelle également seuil de fatigue car le muscle commence à se concentrer en acide lactique et utilise énormément de glycogène, le cheval ne peut donc continuer son effort longtemps.

En course, le cheval atteint sa fréquence cardiaque maximale. Dès lors, sans entraînement il serait très difficile pour lui de terminer la course sans ressentir rapidement de fatigue musculaire. L’entraînement permet donc d’optimiser son processus de création et de consommation d’énergie. Partons du principe que notre coureur est prêt à courir, il n’aura donc pas de difficulté à tenir la course d’un point de vue cardiaque, ni musculaire : ce qui se joue ensuite est son niveau de fitness par rapport aux autres chevaux. Découvrez en vidéo comment savoir si votre cheval est prêt à courir grâce aux données Equimetre

2. La gestion de la chaleur chez le cheval de course

Plusieurs mécanismes permettent au cheval de se thermoréguler, mais l’évaporation reste la plus importante. Par évaporation, il faut entendre d’une part la sudation, et d’autre part l’expiration. Dans les deux cas le cheval évacue la chaleur induite par l’effort et stabilise sa température. Il est très important d’acclimater le cheval à un changement d’environnement (chaleur, humidité), afin de permettre aux systèmes de thermorégulation de s’adapter. Ainsi, si vous savez d’ores et déjà que la course va se dérouler sur un terrain où il y a de l’humidité dans l’air alors que vous entraînez votre cheval dans une zone plutôt sèche, prévoir d’arriver au moins un jour avant est une bonne stratégie. À l’effort, l’organisme ne sera pas mis à rude épreuve – ou le sera moins – que s’il était arrivé quelques heures avant.

3. Quels sont les réflexes à adopter après une course ?

Quelles différences entre un entraînement intense et une course ? 

Réfléchir aux conditions d’une course visée pour adapter les conditions d’entraînement peut être judicieux. Lors d’un test à l’effort à l’entraînement, le corps du cheval se rapproche des conditions de course, mais ce n’est pas tout à fait exact pour plusieurs raisons.

D’abord, comme évoqué précédemment, les conditions météorologiques entre le terrain d’entraînement et le champ de course peuvent différer du tout au tout (notamment quand le cheval va courir à l’étranger). Pour cette raison, ses aptitudes peuvent être modifiées et il peut ne pas coller à ses temps habituels.

Ensuite, le cheval est un être sensible pour qui l’environnement est très important, surtout chez les pur sangs. Le cheval va donc être attentif au public, aux gradins, au changement de piste, au nombre de personnes qui l’entourent, aux nouveaux chevaux autour de lui, en bref, à ce lieu qu’il ne connaît pas.

Un cheval en eau dans la stalle de départ et à la fréquence cardiaque déjà élevée ne va pas être au maximum de ses performances car une partie de son énergie aura déjà été consumée par le stress. Ce cheval-là aura une performance moindre.

L’inverse peut toutefois être tout à fait vrai. Certains chevaux seront stimulés par la compétition, par ce nouvel environnement, et surtout par leurs compétiteurs. Ces chevaux-là auront davantage de chances de coller à leurs performances habituelles, voire de surperformer grâce à l’émulation de la course.

Quels réflèxes post-course sont bons à adopter ?

On ne peut que vanter les bienfaits de la récupération active dans les minutes qui suivent la course. Celle-ci va permettre aux toxines contenues dans les muscles d’être éliminées (l’acide lactique en fait partie), au rythme cardiaque de redescendre de manière graduelle et d’éviter les courbatures. Un petit trotting post course suivi d’un moment de marche au pas permet au cheval de réactiver sa circulation sanguine. Dans tous les cas, remettre le cheval au box après une compétition, qu’il s’agisse d’une course ou d’un CCE n’est pas conseillé. 

➡️ Pour en savoir plus sur l’objectivation de la récupération et les stratégies de récupération active, nous vous conseillons cet article.

LES TROTTEURS 

Pour les trotteurs, le lendemain de la course on peut envisager une promenade, i.e. un trotting de 45 à 60mn à une vitesse inférieure ou égale à 21km/h. Cela va permettre aux muscles de se “décrasser” des toxines restantes de la veille.

La fréquence de course des trotteurs est bien différente de la fréquence des galopeurs : ils courent en moyenne une fois par semaine. Dès lors, la récupération ne se fait pas de la même manière. Chez les trotteurs, les entraîneurs privilégient l’intervalle training, y compris au cours de la semaine: sur une semaine, le cheval va alterner exercices faciles et exercices plus intenses afin de se préparer au mieux à la course suivante.

 

surveiller l'impact d'une course d'un galopeur

LES GALOPEURS

Le lendemain de la course, et dans la semaine qui suit la course, aucun gros travail n’est prévu. Le petit canter de lendemain de course est indispensable pour détoxifier les muscles. Les courses des galopeurs étant généralement plus espacées, les gros travaux reprennent une bonne semaine après une course pour reprendre graduellement une charge de travail plus importante jusqu’à regagner le niveau de forme attendu d’avant-course.

Il n’y a en réalité pas un unique paramètre à observer à la suite des courses. Il faut en effet continuer à regarder la globalité des paramètres pour voir l’évolution du cheval se dessiner dans le temps. En revanche, on peut prêter une attention toute particulière à la fréquence cardiaque, car un cheval qui a une douleur aura une FC très élevée même au petit canter. Cela permettra de détecter s’il s’est blessé la veille pendant la course, ou pendant le transport.  

Il faut se rappeler aussi que le cheval est un animal routinier, il est donc important qu’il retrouve son environnement habituel aussi vite que possible après la course. Retrouver son box, sa piste d’entraînement, ses compagnons participe à son bien-être mental, et par conséquent physique.

4. Comment objectiver l’impact d’une course sur le fitness d’un cheval ? 

 

NB : Les entraîneurs de trot ont l’autorisation de poser les capteurs en course tant qu’ils ne constituent pas une aide extérieure. Les paramètres de course peuvent donc être analysés par Equimetre.

Augmenter progressivement la charge de travail

Afin de reprendre le travail et regagner son niveau de forme la charge de travail du cheval doit augmenter progressivement et chaque entraînement doit être acquis afin de passer au niveau supérieur dans les meilleures conditions. Chaque cheval supporte cette augmentation de la charge de travail à sa manière et l’idéal est donc une individualisation du planning d’entraînement lorsque cela est possible. Ainsi les risques présentés par le surentraînement et le sous-entraînement peuvent être évités. Comment les données d’Equimetre peuvent-elles aider à doser l’augmentation progressive de la charge de travail?

C’est l’analyse de la récupération qui peut permettre à l’entraîneur de juger l’assimilation du travail du jour pour adapter la séance suivante. Pour analyser la récupération, 4 zones dans la relecture de l’évolution du rythme cardiaque au cours du travail peuvent s’avérer utiles : vous les retrouverez dans cet article.

 

Analyser les travaux de récupération immédiatement après la course

Lors des travaux légers qui suivent la course les indicateurs de récupération peuvent être analysés et suivis de près afin de contrôler que la récupération s’améliore d’un travail léger à l’autre. Par ailleurs, si celle-ci est mauvaise, ne s’améliore pas, ou si la FC montre des niveaux anormalement élevés par rapport aux niveaux d’avant course lors du galop de chasse ou du trot d’échauffement, une investigation au niveau de l’électrocardiogramme (ECG) avec un vétérinaire peut être pertinente.

Des pathologies peuvent avoir émergé à l’issue de la course, et des signes de surentraînement peuvent se manifester par des arythmies (troubles du rythme cardiaque) visibles sur un ECG. Equimetre enregistre tous les électrocardiogrammes des entraînements qui peuvent être extraits par un vétérinaire.

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Retrouver l’état de forme d’avant course 

En fonction d’une course visée, l’entraînement vise à retrouver un état de forme propice à la compétition. Pour être sûr qu’un cheval est prêt à courir, il est bon d’utiliser les outils de comparaison avec un entraînement référence que l’entraîneur sait avoir conduit à une bonne performance en course. Si cet entraînement est reproductible (temps, vitesse, terrain, piste), les points de comparaison intéressants concernent les paramètres de récupération. Afin de savoir si le cheval a retrouvé son état de forme idéal, on peut regarder son niveau de fréquence cardiaque après l’effort, et sa fréquence cardiaque à 15 minutes. La fréquence cardiaque maximale (qui ne varie que très peu pour un même cheval et ne dépend pas de son fitness) ne devrait pas avoir évolué tant, mais on peut attendre des fréquences cardiaques après l’effort et à quinze minutes le plus bas possible, et au moins aussi basses que celles de l’entraînement de référence.

Suivre le poids de vos chevaux avant et après la course

Bien que rarement numérisées, les données de poids permettent à l’entraîneur d’identifier le poids de forme de leurs chevaux de manière plus précise, en plus de l’appréciation visuelle.

Une fois défini, le poids de forme correspond au poids optimal à atteindre pendant une période de performance sportive. Par exemple, pour un cheval qui reprend l’entraînement, cette donnée est une aide pour recalibrer le planning et s’assurer de l’efficacité de l’entraînement. À l’inverse, détecter une perte de poids précoce permet de limiter le risque de surentraînement.

Enfin, un autre intérêt de peser son cheval régulièrement est de quantifier l’impact de la compétition sur l’organisme, et s’assurer qu’il récupère bien.

Il est préconisé de le peser avant, juste après et après la phase de récupération d’une compétition. Ce dernier devrait retrouver son poids habituel peu de temps après l’événement. Chez le cheval athlète, l’exercice maximal induit une forte déshydratation, à l’origine de la perte de poids de l’athlète, pouvant aller jusqu’à 20 kg. Le délai de récupération (entre 3 et 9 jours généralement) du poids après une compétition est un élément important afin de surveiller l’impact d’une course sur le fitness de vos chevaux.

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